18 novembre 2010

Les Pétroleuses sont nées... Enterrons-les avant qu'elles n'achèvent la dernière féministe!


Contexte: Je me rends à la gare pour prendre mon train, direction maison familiale, après une semaine de militantisme acharné avec les poupées. En attendant que mon train arrive, je vais faire un petit tour au kiosque. Et là, oh surprise, je tombe sur un nouveau magazine. Son nom? Les Pétroleuses.
Là tout de suite ça fait tilt, dilling dilling dans ma tête, ascenseur émotionnel bref... les pétroleuses, pour moi, c'est les communardes, celles qui ont participé à La Commune et rejetaient la domestication des femmes et qui se sont battues pour instaurer la parité. Bref, des féministes quoi. Alors je m'empare de la revue et l'emporte dans l'Alsace profonde, me réjouissant de la venue d'un nouveau magazine féministe. Je m'installe, tranquillement, et commence la lecture. Pour l'instant, tout va bien... jusqu'à ce que je tombe sur l'article: « Ma semaine sans cuisine ». Cet article aurait pu traiter du partage des tâches dans un couple, remettre en question la place des femmes dans la société, refusé (petit clin d'œil aux communardes) la place de ménagère toute tracée pour les femmes dans cette société patriarcale... Elles auraient pu...
Mais non, (et là: l'ascenseur s'écrase douloureusement...) l'intitulé c'est (retranscription personnelle): « Je rentre chez moi après une journée de travail, je suis fatiguée, mais comme je me dois, moi femme mariée et maman, de nourrir ma famille (instinct maternel), je m'attèle à mes fourneaux et leur mitonne un bon petit plat... Quand soudain, mari et enfants débarquent avec l'air dégoûté de ceux qui n'avaient pas prévu de manger « ça » ». Que faire? Se révolter? Les envoyer balader et refuser la double journée de travail ? Et bien non, Les pétroleuses, elles, ne sont pas du genre révoltées, ni même du genre à s'indigner pour quoi que ce soit... elles seraient plutôt les descendantes de Françoise Giroud: « j'aime être opprimée et je suis encore plus sexiste que les machistes ». Elles proposent donc, en toute logique suite à cet affront, à leurs lectrices de ne plus faire de bons petits plats, mais plutôt des knacks et des plats tous préparés à mettre au micro ondes, na! (mais c'est quand même elles qui les mettent au micro-ondes, qui mettent la table et qui finissent, à la fin, par retourner cuisiner...). Bref, pour Les Pétroleuses, l'émancipation des femmes c'est remplacer la choucroute garnie par des knackis... (Au même moment ce sont déjà une bonne dizaine de féministes qui se sont étouffées de stupeur et de colère en lisant cet article des Pétroleuses...RIP).
Ce n'est qu'un article parmi d'autres mais je vous dispense de mes commentaires sur le reste du magazine car on trouve, quelques pages plus loin: une chronique d'une petite page nous présentant les pensées d'un homme quand il croise une femme dans la rue: un chroniqueur décrit une femme sur laquelle il a flashé et celle-ci doit se reconnaître dans cette description (si c'est le cas: elle reçoit un cadeau!) et prévenir Les Pétroleuses. Et ce même chroniqueur nous fera partager, si généreusement, ses péripéties chaque mois: ça s'appelle « Cendrillon et moi » (Merci la référence...). Et vous imaginez bien ce que je peux en penser... (Par ailleurs, en lisant cet article là, ce sont encore quelques féministes qui meurent en tombant de la machine à voyager dans le temps... RIP)
Je pense qu'on n'a pas besoin d'un magazine féminin de plus qui nous considère comme des potiches uniquement capables de faire la bouffe et le ménage, qui imagine indispensable de nous dire comment nous sommes perçues par un homme. Il y avait déjà Elle, Biba, Cosmo et les autres pour ça (et encore, je pense que ces revues ne vont pas aussi loin que Les Pétroleuses dans les stéréotypes)... Certes Les Pétroleuses ne retouchent pas leurs images (on voit des rides, ouhlala quelle subversion!) et ne font pas appel à la pub... mais c'est finalement pour avoir un contenu réassignant les femmes à une place qu'elles tentent depuis plus de 40 ans de déserter, complètement hétérocentré avec instinct maternel et tout ce qu'il faut... Bref, un magazine qui est un ennemi de plus pour toutes les femmes (et pour les féministes qui sont décédées suite à sa lecture...).

Lorraine

2 commentaires:

  1. MEGA LOL!C'est quoi ce magazine de M***!
    C'est vraiment un truc pour véhiculer les pires clichés!
    Dites-moi si je me trompe - et désolée si ca a déjà été dit avant- mais j'ai comme une vague impression qu'il y a comme un retour ces dernières années "au traditionnel",aux "bonnes vieilles valeurs d'antan où un homme était un homme et une femme une femme" ( entendre " où on savait qui était le maître")
    C'est assez insidueux et je n'arrive pas à savoir si c'est moi qui suis victime d'hallucinations ou si réellemnt il y a comme un vague retour en arrière...?
    J'ai lu récemment un roman de Victor margueritte écrit dans les années 20 " La garçonne" qui parle de la vie d'une jeune fille qui rompt ses fiançailles avec un futur mari qui la trompe pour vivre un vie de feme qui travalle et a des aventures masculines comme féminines. Lelivre a tellement scandalisé à l'époque que l'auteur s'est vu retirer la légion d'honneur mais personnellement, en le lisant, ej trouvais que certains aspects du roman restaient modernes : l'équité homme-femme dans le couple ou la volonté de "posséder sa compagne" chez certains hommes, ou sa solitude face à son travail d'artistes, etc... Si certains aspects nous paraissent avoir vieilli, d'autres au contraire semblemtn montrer que certaines idées reçues n'ont pas évolué depuis les années 20!
    Désolée, c'est un peu long!

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  2. Ca me rappelle un magazine de la même veine qui se veut "plus féminine du cerveau que du capiton", j'ai nommé le fameux Causette mais une grosse blague, lui aussi !
    Ca me fout un peu les nerfs.

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