Au moment de la coupe du monde en Afrique du Sud (un viol commis toutes les 26 secondes pour vous situer l'ambiance), où la venue massive de supporters laissait craindre une recrudescence des agressions sexuelles, 40 000 préservatifs « anti-viol » (le RapeX) ont été distribués. Le concept, créé par la docteure Sonette Ehlers, vise à empêcher le viol par un dispositif que les femmes placent dans leur vagin. Une sorte de tampon creux en plastique et latex qui, tapissé de picots, emprisonne le pénis au moment où celui-ci se retire du vagin. En gros, il la pénètre, et lors du va et vient le dispositif reste accroché à son pénis. Cela engendre une forte douleur et est sensé l'immobiliser, laissant le temps à la victime de s'enfuir (en espérant qu’il ne se soit pas effondré sur elle). Le violeur, contraint de faire appel à un médecin pour retirer le préservatif peut donc être identifié comme « violeur ». Mais après?
Au premier abord, il semblerait que ce préservatif représente une réelle avancée pour les femmes. Sauf que non. Loin de là! Et ça nous donne envie de pousser un grand coup de gueule!
Ce sont les femmes qui doivent porter ce dispositif
Quotidiennement et dans tous leurs déplacements. Incitées par la peur, elles enfileront tous les matins leur préservatif avant de sortir mais auront besoin d'aide le soir pour le retirer. Pratique hein ?! Sous prétexte de les protéger, ce sont elles qui sont contraintes quotidiennement. Cela dit, comme il n'est pas visible et qu'il n'est pas livré avec le panneau clignotant « attention mon vagin a des dents! », elles pourront toujours être les cibles d'agressions. Au moins la bonne vieille ceinture de chasteté elle, était dissuasive...
Ce préservatif n'empêche définitivement pas le viol!
Il est sensé y mettre fin mais visiblement nous n'avons pas la même définition du viol que ses concepteurs... Pour nous, l'agression c'est aussi les menaces, les coups, les insultes, les vêtements arrachés, l'humiliation. Le viol commence au moment où le « non » de la femme n'est pas pris en compte. Or, ce dispositif soi-disant « anti-viol » ne se déclenche qu'après la pénétration. Comment peuvent-ils prétendre qu'il n'y a pas eu viol? Cela signifie-il que si l'homme n'a pas été jusqu'à l'éjaculation on ne peut pas vraiment dire qu'il y ai eu rapport sexuel et donc viol?! Inquiétant tout ça... Très inquiétant.
Violence et représailles
Il paraîtrait que l'action du RapeX provoquerait une douleur assez intense pour immobiliser le violeur et permettre à l'agressée de s'enfuir. Mais cela nous semble simpliste et déconnecté de la réalité. Les associations de lutte contre le viol font le même constat que nous : à cette douleur risque de répondre une violence supplémentaire et accrue du ou des agresseurs. Le dispositif étant unique, en cas de viol collectif, quelle défense reste-t-il ? Les agresseurs se vengeront pour leur complice blessé et frustré. Et si ce dernier est seul, il n'est pas pour autant dépourvu de ses autres membres : la colère alliée à la douleur peuvent entraîner des réactions d'autant plus violentes.
Par ailleurs, les violeurs avertis développeront des parades : lui retirer au préalable; la pénétrer d'abord avec un objet (godemiché ou autres); la violer par sodomie… Liste non exhaustive.
Enfin, qu'en est-il des viols conjugaux? On le sait, par les pressions et la culpabilisation, rares sont les femmes à quitter les hommes violents. Tout d'abord : comment cacher le RapeX au quotidien? Et quand bien même, après l'agression et de retour de l'hôpital (pour désagrafer de son pénis la capote à dentier) il rentrera chez lui. A moins que sa femme ai pris la fuite (si elle a quelque part où aller...) le violeur « attrapé » et sa victime seront de nouveau réunis sous le même toit. Pour ce qui est des représailles, pas besoin de vous faire un dessin...
L'idéologie sous-jacente à ce concept est encore ce qu'il y a de plus inquiétant.
Une fois commercialisé à grande échelle, le RapeX sera l'argument de la société pour responsabiliser les femmes de leur agression. Elles seront vues comme victimes et coupables à la fois. « C'est de ta faute si tu t'es fait violée, t'avais pas mis ton RapeX! » Cela ne fait que perpétuer l'idée que les femmes sont responsables des agressions qu'elles subissent, tout comme les minijupes sont des incitations au viol...
Par ailleurs, la commercialisation européenne et l’utilisation de ce dispositif s’inscrivent dans une politique ultra sécuritaire qui fait planer une menace permanente sur la population et qui impose que la rue soit une menace perpétuelle. Cela ne fera que renforcer la peur des femmes de sortir, notamment le soir et dans la tenue qu’elles veulent. Finalement, la peur devenant quotidienne deviendra banale, normale.
Qu'en est-il de la responsabilité des hommes agresseurs ?
Nous ne sommes définitivement pas en train de dire que tous les hommes sont des violeurs en puissance (par anticipation aux éventuels commentaires nous taxant de misandres) ! Nous parlons ici des agresseurs avérés ou potentiels. Même si la question des violences concerne toutE unE chacunE. N’oublions pas que souvent le « non » n’est pas accepté y compris dans les relations de couples…
Le principal problème de cet « outil de lutte contre le viol » est qu’il se concentre sur la punition et non pas sur la prévention. Le RapeX n’agit qu’une fois que le viol a eu lieu. Nous avons bien constaté qu’il n’était pas dissuasif. Dans les cas où il le serait, c’est la menace de la douleur et de l’accusation flagrante que cela implique qui dissuadent le potentiel agresseur, et non pas une réflexion sur les rapports entre hommes et femmes. Le RapeX accepte cette banalisation des violences puisqu’il est destiné à une utilisation quotidienne.
Qu’en est-il de la responsabilité de l’Etat ?
A notre connaissance, les campagnes contre les violences et le viol en particulier se concentrent sur « l’après » : comment réagir, qui appeler, en parler… Une fois que c’est arrivé. Quand c’est déjà trop tard. Or, la prévention, par définition, se fait avant et dans le but d’empêcher les violences. S’il doit y avoir dispositif punitif, c’est que la prévention a échoué. Ou que l’on considère les violences comme une fatalité voire une pulsion « naturelle » que l’on ne peut prévenir…
Pour nous, ce n’est pas aux femmes de porter le poids du disfonctionnement des rapports sociaux. Ce qui doit être remis en question, ce sont justement ces rapports dans une société, basée sur des rapports de domination et régie par l’idéologie patriarcale. C’est contre cette idéologie que nous luttons car c’est elle qui permet les violences que nous dénonçons. Or, le RapeX ne pose pas ces questions. Il n’est qu’un palliatif et non pas la solution. Ce que nous exigeons, ce n’est pas un moyen de vengeance (puisqu’il ne nous défend même pas) lors d’une agression. Ce que nous exigeons, c’est de ne plus se faire agresser et de ne plus avoir peur !
sO et Lo
Ouaip, cet engin est une grave connerie et une régression plus qu'autre chose.
RépondreSupprimerEn passant : l'histoire des 40000 putes importées est une pure invention, la police sud-africaine en a les preuves et les a publiées. Et c'était déjà strictement pareil en 2006 : http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2006/07/une_lgende_urba.html