« Zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès »
Dépistage, prévention combinée avec le traitement antiviral comme outil de prévention et en ligne de mire l’éradication du virus, la neutralisation de l’épidémie… le 1° décembre 2011 se veut ambitieux, offensif et bio médical. Certes les avancées sont importantes.
La charge virale indétectable comme outil de réduction de la transmission ouvre des perspectives importantes et soulève des espoirs. Outre l’impact sur le développement de l’épidémie, c’est un facteur important pour améliorer la qualité de vie, faciliter la vie affective et sexuelle des personnes vivant avec le VIH. Le discours ne doit pas se résumer aux trois « consignes » : dépister, traiter et maintenir une bonne observance pour avoir une charge virale indétectable au risque de culpabiliser celles et ceux qui ne se font pas dépister, celles et ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas se traiter, celles et ceux qui ne sont pas observants-es…
Il ne suffit pas de savoir ou de vouloir encore faut-il aussi pouvoir. Ainsi l’exclusion sociale, la répression comme celle qui s’exerce aujourd’hui contre les migrantEs et particulièrement les personnes en situation de prostitution, l’isolement ou la perte de l’estime de soi … rendent l’accès aux soins difficile, l’observance aléatoire… et le recours au dépistage peut ne pas être une priorité. La prise d’un traitement au long cours avec des effets indésirables, des situations personnelles difficiles peuvent perturber la prise de ce traitement. Y aura-t-il encore demain des associations, des professionnels de santé qui auront les moyens d’accompagner, soutenir ? Des espaces d’échanges entre personnes séropositives seront-ils toujours là pour permettre ce soutien mutuel et cette élaboration collective et continuer à porter une parole politique de malade expert ? La lutte contre le sida ne pourra jamais relever de la seule réponse médicale. En témoigne la stigmatisation et la précarisation des personnes vivant avec le VIH qui perdurent malgré les progrès médicaux, le poids des normes sociales sur la sexualité qui tend à régresser malgré les quelques avancées de ces dernières années, la féminisation au niveau mondial révélant combien le déficit immunitaire est en lien avec le déficit statutaire. Les avancées médicales sont réelles et il faut s’en réjouir mais ne cédons pas à la tentation de régler les problèmes de société par l’injonction et l’ingestion de molécules.
La lutte contre le déficit statutaire est plus difficile que l’incitation au dépistage ou la prescription de traitements mais la lutte contre la diffusion de l’épidémie tout en assurant l’égalité face à la maladie sont des enjeux tout aussi importants.
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