11 février 2012

Lundi des cathos, mardi des machos, mercredi des phallos, jeudi des fachos....

L’humour est une arme incroyable. Les féministes des années 1970 s’en sont emparées dès leurs débuts et l’une d’entre elles, Carole Roussopoulos en témoigne dans un entretien accordé à Hélène Fleckinger : « Le Mouvement de Libération des femmes, qui a duré à mon avis très peu de temps, était vraiment lié à cette subversion et à cet humour. C’est comme ça qu’on peut gagner des luttes, ce n’est pas en faisant du militantisme ennuyeux où on se sacrifie dans des réunions… Et c’est vrai que le jour où nous n’avons plus rigolé, c’était la fin du mouvement, c’est devenu autre chose ». Et c’est vrai, quand je pense au dépôt de la gerbe à la femme du soldat inconnu, je trouve cela incroyablement drôle, de même lorsque je regarde la vidéo Maso et Miso vont en bateau réalisé par le collectif Les Insoumuses devant laquelle je suis tout bonnement morte de rire en voyant ce détournement d’une émission de Bernard Pivot rassemblant un tas de miso assumés… Beaucoup plus récemment, je suis écroulée lorsque Florence Foresti s’interroge sur la fabrication des poussettes et le fameux « instinct maternel » dans certains de ses sketchs…  Ces formes d’humour me font rire, et pourtant elles ne sont basées ni sur la moquerie ni sur la bêtise au contraire. Elles me font rire parce qu’elles révèlent l’absurdité d’un système en le prenant à son propre piège, en le saisissant à l’endroit même où il se croyait le plus fort, ainsi les institutions, les médias, le capitalisme sont remis en question, interrogés. S’opposent à eux un argumentaire qui révèle aux yeux du public les fondements insensés du système. Et cela me fait rire parce que ces résistances évoquent pour moi la possibilité d’une autre société, j’entrevois là une possible émancipation (en l’occurrence des femmes) par la mise en exergue des contradictions qui fondent la société patriarcale. Cet humour s’empare des failles par lesquelles nous pouvons transformer la société qui nous opprime.

Malheureusement cet article ne porte pas sur l’humour féministe (et pourtant il y aurait tant à dire), il tend à interroger un certain type d’humour justement anti-féministe, raciste et homophobe, celui que l’on nous sert sur France Inter depuis le 18 janvier grâce à l’émission A votre écoute, coûte que coûte. Cette émission quotidienne d’une petite dizaine de minutes, pour celleux qui seraient passéEs entre les mailles du filet, repose sur un médecin et une psychotérapeute ayant pour rôle de fournir des conseils en matière de santé à des auditrices et auditeurs en détresse. Mais cette émission médicale se veut sarcastique et serait en réalité un canular mené par deux comédiens : Zabou Breitman et Laurent Laffitte chargéEs de s’en donner à cœur joie en terme d’arguments réactionnaires pseudo-scientifiques. Les appelantEs elleux aussi seraient dans la confidence. Le buzz a réussi, des centaines de commentaires révoltés ou non ornent chaque jour le site de la chaîne, se demandant s’il s’agit là d’une blague ou d’une dérive des programmateurEs de France Inter. Car le fait que les de Beaulieu et les appelantEs soient des comédiens  n’est que pure spéculation, la chaîne se refusant à tout commentaire et informations, souhaitant laisser planer le mystère. Ainsi, auditrices et auditeurs assistent à chaque fois à l’humiliation en règle (entre autres) d’un appelant homosexuel qui appelle pour des problèmes d’ondes et de wifi à qui on fini par demander et répondre : « vous êtes de la jaquette ? », «c’est contre-nature »… / ou d’une femme enceinte se posant des questions sur la possible trisomie du fœtus. C’est cette émission diffusée le 10 février, qui me pousse à écrire cet article. L’appelante se demande quels sont les dangers de l’amniosynthèse sur sa grossesse, s’il ne vaudrait pas mieux avorter car son médecin semble inquiet par la taille du cou du fœtus… Evidemment, les « médecins » étant vraisemblablement des comédiENNEs, aucune réponse médicale ne peut lui être fournie, alors s’enchaîne une terrifiante répartie affichant son militantisme pro-vie sans complexe. Tout d’abord, dès que l’appelante parle de fœtus, on l’a reprend en disant « le bébé », puis il lui est sommé d’arrêter de penser à elle, qui a de la chance de pouvoir procréer et ne devrait pas se poser la question d’avorter ou plutôt de « tuer son bébé »… Bref, vous voyez le tableau… A l’heure où de plus en plus de CIVG ferment ou sont menacés de fermeture, où l’Espagne souhaite réduire les possibilités d’accès à l’avortement, où les militantEs pro-vie enchainent les rassemblements et certains états américains, comme le Mississipi, élaborent et appliquent les « Fetal Homicide Laws », lois qui impliquent qu’une femme enceinte qui fait une fausse couche suite à un accident (chute dans les escaliers par exemple) ou qui fait une tentative de suicide est coupable de meurtre… Je ne trouve pas ce canular franchement hilarant. Aucune remise en cause du discours dominant (sexiste, raciste, LGBTIphobe comme on le connait si bien…) mais plutôt 10 minutes pour appeler à un retour à l’ordre moral type « travail, famille, patrie ». Alors celleux révoltéEs par cette nouvelle émission sont taxéEs par celleux qui « adorent » de « bien pensants », « n’ayant aucun humour », « complêtements idiots »… D’où l’importance de chercher ce qui se cache sous ces sarcasmes et ce si ovationné second degré. 


Car les commentaires du type « mais c’était une blague » je les entends aussi lorsque je riposte quand on me dit que les femmes ne sont bonnes qu’à faire la vaisselle (« Maiiiis, c’était pour riiiire »), quand un garçon avait pour habitude de me donner des claques, un autre des coups de genoux (vous savez, on appelle ça joliment une béquille) (« Nan mais franchement, t’exagères, c’était pas fort du tout, c’était juste pour rire »), quand on me demande de me taire parce que je ne suis « qu »’une femme (« ohlala, t’as vraiment pas d’humour toi hein »), quand j’entends « quel enculé », « salope », « ça c’est pas un truc de pédé » (« mais oh tu sais que je le pense pas, c’est juste une expression, c’est rentré dans le langage courant maintenant ! »). Et il y a aussi les viols « pour rire », les crimes homophobes « pour rire »…1 (Le clan des phallos, c’est sûr qu’ils se bidonnent eux). Et bien on nous sert le même argumentaire en ce qui concerne l’émission A votre écoute, coûte que coûte, ce qui me fait sincèrement douter de la bienveillance et du réel humour de cette émission. Elle serait sarcastique et aurait pour vocation de se moquer justement des réactionnaires (là encore, selon les commentaires, non selon les comédiENNEs ou France Inter),  zut, je n’ai donc rien compris ! Parce que moi, ce que j’ai compris, c’est que deux personnes bien blanches et bien hétérosexuelles affirment sur une radio nationale publique que les homos sont des personnes dangereuses notamment pour les enfants, les noirEs sont stupides et juste bons à procréer, les femmes qui avortent sont des criminelles. Alors si j’ai mal compris d’où vient donc mon incompréhension ?

Du fait que les personnes qui « font de l’humour » sont des dominantEs qui insultent, humilient les oppriméEs et vantent racisme, sexisme et LGBTIphobies ? Du fait que les premiers et les derniers à avoir la parole sont les dominéEs et qu’aucun retournement, aucune réponse, aucune critique ou révolte de la part de l’interlocutrice/teur ne sont possibles et même souhaités ? Du fait qu’à aucun moment les propos du médecin et de la psychothérapeute ne sont remis en doute ou ne laissent penser qu’il s’agit là d’un mensonge (de plus), qu’une pure fiction se déclarant comme tels ? Du fait que France Inter refuse de donner des informations concernant les tenants et les aboutissants de l’émission ? Du fait que les dominantEs et dominéEs doivent pouvoir en rire d’une même voix ? Du fait qu’on demande aux opprimés de rire de leurs oppressions ? Ou alors sans doute parce que ces propos, nous les entendons tous les jours dans la bouche des dirigeantEs, de nos médecins, de nos psys, de nos patronNEs, des Boutin, Guéant et autres Le Pen, de celleux qui sont en possession du pouvoir, des médias et qui renforcent jour après jour la société patriarcale et capitaliste dans laquelle nous vivons et que nous subissons ?
Nous dire que tout ça c’est juste pour rire, c’est encore une fois nous prendre pour des crétinEs, nous expliquer qu’il ne faut pas « voir le mal partout », qu’on « exagère » et que nous « ne comprenons rien », donc que nous ne sommes pas « capables », tout simplement. Si nous ne sommes pas « capables de comprendre », alors il vaudrait mieux nous taire et nous y faire à cet « humour », à ces discours qui favorisent tant et plus les rapports de domination… juste avant les élections je trouve que c’est un joli coup de poker. 

Faites nous confiance, les cathos, machos, phallos vous allez vous y habituer, on y travaille… :

Quelques pépites récentes, entendues, réentendues, ré-ré-entendues :

23 janvier 2012 : DR Jean-Pierre Calot, chef de service de l’Etablissement français du sang Midi-Pyrénées : un vagin « est fait pour avoir des rapports sexuels », un anus « n’est pas fait pour ça »

25 janvier 2012 : Marine Le Pen « Je dis, s'il y a un choix à faire, s'il y a vraiment des économies à faire, l'avortement est quelque chose qu'on peut éviter après tout, il y a des modes de contraception qui permettent d'éviter d'avoir une grossesse non désirée. Si j'ai un choix à faire, je vais l'assumer. »

4 février 2012 : Claude Guéant : « Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. »

En revanche, les ripostes d’Act’Up 2 ou du Planning elles sont pas trop trop médiatisées, faudrait quand même pas pousser les lectrices/teurs, les auditrices/teurs et les téléspectatrices/teurs à la révolte… 

Lorraine


24 commentaires:

  1. Merci pour ce coup de gueule, entièrement partagé.

    Je suis un "homme", "blanc". J'ai entendu le sale quart d'heure de discours pro-life d'hier, et quelques autres propos confusionnistes des mêmes, auparavant. Eh bien, je ne goûte pas plus ma si drolatique condition masculine que ce curieux mélange des genres radiodiffusé. Mais c'est sans doutej parce que je n'ai rien trouvé de queer la dedans.
    Je ne goûte donc pas un instant les prétentions à "l'humour" et à la subversion de cette émission de France Inter (d'ailleurs, d'une manière générale, à ceux de ses autres émissions non plus). L'association "propos grossièrement réacs + contexte incertain (émission sérieuse ou pas: délicieux suspens, non?)" me paraît bien trop peu distincte des innombrables "propos réacs grossiers + émission d'entertainement" ou "grasses beauferies marrantes + émission sérieuse", et l'argument/excuse/justification d'un possible (c'est tellement plus subtil comme ça) "second degré", plus que faible.
    Pour ce qui est des médias, les machos fachos même pas tous cathos et les complaisants ne manquent pas qui aiment à rire entre eux, et à regarder de travers qui ne se gondole pas de concert. En dehors des médias, il est difficile d'ignorer que la beauferie bien de chez nous se porte très bien et trouve très drôle ce genre si subtil (ou complètement innocent, c'est selon) et bien sûr pas du tout intéressé de confusionnisme.
    Il est vrai que ne pas goûter déjà l'humour si caustique et rebelle de l'espiègle Zemmour, du facétieux Finkielkraut, du désopilant Rioufol, de l'épatante Le Pen, du rigolard Sarkozy, de la cocasse Boutin, des vétérans de l'humour d'Occident, du tordant Vanneste, du subversif Douillet, du plaisantin Valls, et de toute la si potache Troupe du Grand Théâtre de la Politique, (d'un extrême à l'autre, hein, j'ai un grand sac, et tous ces comiques troupiers se donnent sacrément du mal pour être sûrs de mériter d'y entrer), du savoureux Val, de l'ironique Bigard, du subtil Charlie-Hebdo, du spirituel Huffington Post, (liste interminable, hélas)... jusqu'à celui de tous ceux (et celles) qui n'osent en dire ne serait-ce que dix fois moins, ou prétextent des opinions de gôche pour se décerner à vie un diplôme en second degré, rire et chansons, la plus que complaisante subversion - si astucieusement camouflée et passe-partout- , l'étonnante caricature indistincte de son objet produite par les audacieux auteurs et acteurs de "combien ça coûte que coûte": voilà qui trahit une irrémédiable paralysie des zygomatiques, rigidité glaciale caractérisant, on le sait, les malheureuses et malheureux affligés de cette épouvantable miction froide qui empêche de rire aux saines gauloiseries.

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  2. Merci pour cet article très pertinent, même si je ne connais pas l'émission en question j'ai entendu une chronique "humoristique" sur France Inter qui m'a interpellée. C'était lors de l'émission d'Isabelle Giodarno en fin de matinée, le "comique" de service abordait le sujet de l'ouverture des soldes avec un ramassis de clichés qui m'a franchement choquée. On pouvait l'entendre parler de la manière dont les membres de leur équipe réagissait face à cet évènement ô combien important qu'est l'ouverture des soldes.

    Isabelle Giordano avait bien sûr planifié un plan d'action à la limite de l'hystérie pour pouvoir maximiser la possibilité de faire des bonnes affaires. Ah mais oui c'est bien connu, les femmes deviennent complètement hystériques quand il s'agit de chiffons, trop marrant. Isabelle profitait d'ailleurs de la naïveté d'une des stagiaires de l'émission pour l'exploiter dans sa quête à la consommation. Oui c'est vrai, c'est rigolo de pouvoir profiter de son pouvoir sur les plus précaires. Il y avait aussi un journaliste homosexuel, qui allait bien sûr s'empresser d'aller dans les magasins pour essayer des robes. Vraiment hilarant. Toute la chronique était ponctuée de rires forcés des personnes présentes sur le plateau, ce qui a intensifié mon agacement et j'ai changé de station radio avant la fin.

    Je trouve ça scandaleux qu'ils soit permis de diffuser un tel ramassis de clichés et de propos discriminatoires sur une radio du service public.

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  3. Clarisse Clirstrim12 février 2012 à 05:59

    Je ne suis pas du tout d'accord. Pour une fois qu'une émission de France Inter me fait rire, avec de l'authentique provoc' par l'absurde à la Desproges, qu'une émission se permet de critiquer le patriarcat/l'intégrisme catho/le racisme/l'homophobie sans qu'on se sente obligé de me prendre pour une conne et de me tenir la main pour m'expliquer que "C'est bien de l'humour" de long en large et en travers et qu'on fait confiance à l'intelligence et à l'esprit critique de l'auditeur! Un chouette canular, enfin. Foresti ne me fait pas rire, ni Guillon, ni tous ces humoristes auto-proclamés et annoncé comme tels ("Attention, c'est l'heure de rire"), ces tièdes contrefaçons d'humour de fin de repas, beurk...J'aime cette émission audacieuse qui a le mérite de bousculer. Sur le coup-là, vous me décevez...signé Clarisse, féministe, hétéro, lesbienne, anarchiste.

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    1. C'est de la provocation envers qui,envers quoi pour vous, cette émission ?
      Pour moi certainement pas envers le gouvernement, au contraire, il s'agit simplement de faire encore et toujours entendre les mêmes propos que ceux qui sortent de la bouche des oppresseurs, c'est un écho de plus, ni subversif, ni à contre-courant de la pensée dominante... Je n'ai encore entendu aucune critique ni du patriarcat, ni de l'intégrisme catho, ni du racisme, ni de l'homophobie dans cette émission...

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    2. Pour ma part, je ne reconnais pas à "France Inter" ce minimum de politique éditoriale qui me ferait accepter de "rire de tout" avec cet établissement.
      Et c'est bien à cela qu'amène le fait de programmer une telle émission : pour rire d'un "humour noir" ainsi estampillé "france inter" et non untel ou untel - le relatif mystère entretenu autour de l'émission permet avant tout cela -, il faut accepter d'oublier tout le reste. C'est à dire les éditorialistes, leurs invités, tout ce que cette radio propage, etc. Je me refuse à cet oubli et à une connivence qui n'est à mes yeux que faiblesse et complaisance. Je me refuse à laisser flatter mon intelligence et mon ironie aussi bassement.
      Si "france inter" devait être subversif et critique, il y a longtemps que ce serait fait et que cela se saurait.
      Je ne saurais donc mettre un Desproges qui intervenait lui ouvertement comme humoriste sur le même plan que cette provocation (car c'en est une, assurément: au même sens d'ailleurs que tant de propos ministériels, présidentiels, etc. rapportés, diffusés, par cette même radio) c'était certes à l'honneur de Radio France de le programmer, mais c'était l'humour de Desproges, pas celui de Radio France.

      A mes yeux, cette émission ressemble d'abord à une opération visant à refaire opportunément et pour pas cher à France Inter un semblant de vernis de virginité insolente et critique, au terme d'un quinquennat d'aplaventrisme, auprès des auditeurs qui ne seront pas trop écoutants sur la marchandise.

      Olivier, l"anonyme" de 2h43 AM

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    3. Tout à fait d'accord avec Clarisse Clirstrim, je n'ai pas autant ri depuis longtemps en écoutant la radio qu'avec cette émission; C'est évidemment une dénonciation de toutes ces sales petites phrases, de ce sale petit esprit étriqué qu'on trouve presqu'au quotidien en France. ENFIN! Enfin les choses sont dites : oui, il y a des gens qui sont cathos, machos, phallo, fachos ! Eh oui, *évidemment * que c'est de l'humour. franchement, passées les 2 premières minutes de la première émission on le comprend ! Les comédiens ne sont pas du tout cachés, d'ailleurs (et cet article date déjà du 19 janvier) : http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/76300/date/2012-01-19/article/france-inter-derriere-a-votre-ecoute-zabou-breitman-et-laurent-laffite/

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  4. J'ai été récemment frappé par le mépris de classe qui est le lit de tant d'humoriste... en particulier sur canal plus, en particulier-particulier dans le petit journal, dans lequel l'essentiel du ressort comique repose sur le fait que les gens sont gros, moche, pauvre, éventuellement des femmes et qu'ils ont l'air cons...

    Et ce qui ne me frappe pas mais m'attriste, c'est que personne de voit ni ne dit ça.

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  5. Et quand Desproges se demandait s'il y avait des Juifs dans la salle, et se moquait d'eux en disant qu'ils se prennent pour des élus, avec diverses mimiques, c'était de l'antisémitisme sans doute ?
    Je suis désolée mais, étant féministe et adhérant aux gender studies depuis des années, je n'ai pas trouvé quoi que ce soit d’infamant dans cette émission, qui bien au contraire ridiculise totalement la position bornée et ridicule, voire d'un autre temps, des deux « spécialistes ». C'est même tellement gros que je trouve ça trop peu subtil, à vrai dire...

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    1. Pour commencer Olivier et Simon je suis tout à fait d'accord avec vous.

      Ensuite pour répondre à Margot si vous relisez bien l'article des inrocks (que j'avais lu avant de d'écouter l'émission pour la première fois), il est écrit que la radio a démenti les affirmations d'un de leur journaliste concernant l'identité des comédiens, pour laisser planer le mystère...Un lien DESACTIVE confirme ces identités... Donc jusqu'à ce que la radio fasse une déclaration officielle, tout cela ne reste que de la supposition (je suis bien consciente que ce sont des acteurs/actrices et non de vraiEs médecins et psychothérapeutes, je tiens juste à souligner que pour le moment c'est une volonté de la chaine de le cacher.)Peut-être que l'annonce a été faite depuis, mais quoi qu'il en soit il y a toute une période durant laquelle rien n'a été révélé ce qui rend cet article tout à fait légitime à mon sens.
      Enfin, pour Margot et LuxLisbon, comme visiblement je n'ai encore rien compris je vais tenter l'expérience d'écouter cette émission avec vos oreilles. Donc imaginons que cette émission souhaite ridiculiser les machos, cathos ect... Tout d'abord il n'en restera pas moins que cela va de paire avec l'humilition de personnes opprimées (on ridiculise les dominantEs en se servant des dominéEs), je ne vois pas bien comment vous pourriez affirmer que dans cette émission aucune scène de discrimination n'est jouée et qu'elle est remise en question et dénoncée (mais je veux bien me laisser convaincre...). Ensuite, qu'est ce que j'entends... Un faux médecin et une fausse psychothérapeute se moquant des vraiEs médecins et psychothérapeutes réactionnaires, les "ridiculisant" comme vous dites LuxLisbon... Le ridicule et les sarcasmes, rien de très constructif (encore moins subversif ou révolutionnaire) pour moi, juste de l'humour type Guignols de l'Info pour que les auditeurs/trices puissent dire "ils/elles sont vraiment cons/connes ceux/celles qui sont au pouvoir"... Et après, franchement, est ce que c'est ce genre d'humour et de discours qui permet de se révolter ? Ridiculiser les dominantEs et leurs idées ??? Si c'était le cas, vu touTEs les humoristes qui jouent là dessus depuis des années toutes les luttes seraient victorieuses... Mais comme ce n'est pas le cas, je pense que cet humour sert encore et toujours à endormir la population, on se lâche 10 minutes par jour pour pouvoir continuer à subir tout le reste de la journée... La boucle est bouclée, on en revient à notre point de départ, à qui/à quoi sert cette émission ? Aux dominantEs, 10 minutes pour créér du temps de cerveau disponible ? Pas très subversif ni émancipateur...

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    2. (suite) Quelle que soit la façon dont nous voyons cette émission, de votre point de vue ou du mien, qu'elle soit sarcastique ou sérieuse, il en ressort qu'elle participe à la bonne marche de la société patriarcale et capitaliste, en se faisant écho des idées dominantEs et en les véhiculant, ou en nous faisant croire qu'on nous permet (" ENFIN ! " ) de rire des dominantEs pendant 10 minutes sans pour autant nous inciter à réfléchir aux moyens d'abolir ces systèmes, il s'agit simplement d'en rire...
      D'où mon paragraphe sur un certain humour féministe en début d'article, un humour qui va complètement à l'inverse du sarcasme, en prenant son ennemiE au sérieux parce que les oppressions nous ne les subissons pas en nous marrant, en revanche on peut les COMBATTRE (en partie, ça ne suffit pas), par un humour qui s'adresse à l'intelligence de toutes et de tous, non à notre pouvoir de moquerie... Les railleries n'ont jamais servi les luttes, elles n'ont fait que les enfermer dans un contentement illusoire.
      Enfin, comparer cette émission à Desproges me surprend toujours parce que ces humours n'ont rien à voir ni dans la forme, ni dans le fond et encore moins dans le ton, du coup je ne comprends pas vraiment cette manie de les comparer, mais bon, j'ai sans doute encore rien compris...

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    3. Clarisse Clirstrim17 février 2012 à 01:03

      Alors ayez l'intelligence de ne pas ranger Foresti dans "l'humour féministe". Je ne vois pas ce qu'il y a de féministe dans sa démarche, à part quelques blagues vaseuses sur des poussettes. Enfin, si vous ne comprenez pas une démarche humoristique qui vise à ridiculiser l'oppresseur, je vous invite à lire cet article sur Minorités: http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1265-ridiculisons-ces-connards.html
      Pour la comparaison avec Desproges, je pense à la Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède. Pour moi c'est le même type d'humour par l'absurde et la provocation.

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    4. Merci de m'expliquer de quelle manière je peux devenir plus intelligente, c'est très généreux de votre part.
      Pour en revenir à Florence Foresti elle est déjà une des rares humoristes à s'affirmer haut et fort féministe et surtout anti-essentialiste , ce qui dans la société actuelle est quelque chose d'assez rare pour être salué. Ensuite par rapport à certains de ses sketchs, ce que je trouve intelligent de sa part c'est de s'attaquer à un élément du quotidien des femmes pour montrer en quoi il est tout sauf naturel, autrement dit elle expose les contraintes du quotidien et montre par là que ces contraintes sont construites, non de l'ordre du déterminisme, et qu'ils sont le fruit d'un système. Pour moi, c'est de l'humour qui s'adresse à mon intelligence car il me pose des questions, il remet en question l'ordre habituel des choses, contrairement à cet humour stérile et débilitant fait de blagues simplistes se contentant de rire grassement d'individus (et non de ce dont illes peuvent être les porteurs/seuses)...
      Car la plupart du temps, et là je ne parle plus spécifiquement de A votre écoute puisque le débat s'est étendu à l'humour sarcastique visant à "ridiculiser" l'oppresseur, ce n'est pas la politique de Sarko (par exemple) qui est "ridiculisée", mais sa petite taille, ses grandes oreilles, ses erreurs de prononciation (voir le site "humour de droite") ... de l'humour du même genre que celui de Dan Savage dont Laurent Chambon parle dans son article :

      "le candidat ultraconservateur Rick « Travail Famille Patrie » Santorum est tellement violemment homophobe que Dan Savage a commencé une campagne pour honorer son nom de famille. Avec spreadingsantorum.com ils veulent que son nom soit désormais associé à « la mixture mousseuse de lubrifiant et de matière fécale qui est parfois le sous-produit du sexe anal. » Beurk. Mais c’est drôle et ça marche"
      Et oui, après votre commentaire j'ai donc lu l'article de Laurent Chambon (merci pour la référence) et je ne vois pas en quoi il peut me faire mieux comprendre cette démarche humoristique avec sa petite liste de blagues sans consistance, encore un humour gras et producteur d'une inertie telle qu'elle doit bien faire rire celleux qui en sont initialement les cibles (car je pense qu'illes doivent se dire, nos machoscathosphallosfachos, en entendant cet humour "sarcastique", qu'illes n'ont pas grand chose à craindre si c'est tout ce dont nous sommes capables).

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    5. (suite) Franchement, traiter ses ennemis, ses oppresseurs d'"idiots", de "cons", de "connards"... expliquez moi en quoi cela peut être une arme contre elleux ? Je pense qu'illes font bien peu de cas de ce qu'on peut penser d'elleux (et ça ne doit pas être notre préoccupation) et que nous, public de cet humour, sommes bien plus intelligentEs que ce qu'on essaye de nous faire intégrer sans relâche, personnellement quand je pense à ce que fait Dan Savage, je trouve ça juste pathétique et triste, décourageant même de voir dans quel état se trouvent nos capacités de résistance à ce qui nous opprime. Et pour moi, encore une fois, c'est joué complètement le jeu des dominants... Si c'est ça la subversion et la provocation on n'est vraiment pas sorties de l'auberge... Heureusement qu'il existe beaucoup d'autres formes d'humour...
      Donc je suis toujours convaincue que si on s'attaque à la machine, au système avec intelligence cela peut produire quelque chose de bien plus émancipateur, alors que si on continue à prendre les gens pour des conNEs que ce soient les dominantEs en faisant des blagues vaseuses sur leur "bêtise" ou nous, les recepteurEs de ces discours humoristiques en ne nous proposant rien d'autre que du "pipi-caca-kekette", on restera toujours au même endroit et les oppresseurEs pourront continuer tranquillement à nous opprimer sans se faire beaucoup de soucis pour l'avenir de leurs systèmes...

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  6. Clarisse Clirstrim18 février 2012 à 05:14

    S'il suffisait de se revendiquer féministe pour justifier sa parfaite intégration au système...

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    1. Comment le fait de se revendiquer féministe peut-il être une justification de "parfaite intégration" à un système justement anti-féministe ? il y a quelque chose qui m'échappe, tout comme le lien de cette réponse avec mon commentaire...

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    2. Clarisse Clirstrim19 février 2012 à 02:56

      Par rapport à son parcours, je ne vois pas en quoi Foresti est féministe, et si elle se revendique en tant que tel, pour moi c'est pour faire avaler la pilule de sa collaboration passée à des émissions stupides et phallo-centrées, voilà ce que je voulais dire.

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    3. Ah ben on s'est bien mal comprises parce que je ne parle pas de tout son parcours mais bien de quelques sketchs (c'est écrit dans l'article et les commentaires) et c'est bien par rapport à ces sketchs là qu'elle s'est revendiquée féministe, elle ne parlait pas de sa collaboration passée, et je pense même et heureusement que l'on peut bouger, changer et donner un autre tournant à sa carrière... merci de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dis.

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  7. Clarisse Clirstrim18 février 2012 à 05:19

    Je pense que l'humour est politique, mais vous faites comme si la lutte se limitait à ça. Moi je crois en la violence, l'humour n'est qu'une mélodie qui l'accompagne, comme l'art.

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    1. Certaines formes d'humour sont politiques,c'est vrai, celle vantée par Chambon ne l'est pas pour moi, elle est justement là pour anéantir toute possibilité de penser et de réfléchir et donc d'avoir un débat politique, et je n'ai jamais dit que la lutte se limitait à l'humour, au contraire, j'ai justement dit que ça ne suffisait pas mais que cela pouvait être un outil de lutte.

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    2. Clarisse Clirstrim19 février 2012 à 03:04

      Moi je me positionne du côté de Chambon à ce niveau là. Je pense qu'il ne sert à rien de débattre avec des connards, et avec eux je préfère l'insulte à l'argumentation. Je ne vais pas expliquer à un raciste qu'il a tort, à un sexiste qu'il a tort, je préfère lui rentrer dans le lard et me foutre de sa gueule pour bien lui affirmer qu'il ne pourra pas tenir ces propos-là devant moi sans conséquence. Rentrer dans le débat, pour moi ça signifie que les propos de l'autre présentent une justification ou un intérêt. Quand c'est un ramassis de conneries haineuses sans fondement, je ne discute pas.

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    3. Et bien moi je pense que ces conneries sont basées sur une idéologie totalement construite par les dominantEs, c'est le système patriarcal et capitaliste, et tant qu'on ne s'attaque pas à la déconstruction de ces fondements on n'avancera pas. Il ne s'agit pas de débattre avec elleux, mais de ne pas perdre son énergie à les ridiculiser (ce qui ne mène à rien et justement prouve qu'on leur porte de l'intérêt) alors qu'on pourrait utiliser cette énergie à les anéantir...

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    4. Clarisse Clirstrim20 février 2012 à 13:05

      LE truc c'est que ça me défoule, j'ai pas le sentiment d'y perdre mon énergie, bien au contraire. Chacun organise sa lutte comme il l'entend contre le patriarcat et le capitalisme. Et j'aimerai mieux pouvoir discuter de tout ça en live, parce que je sais que sur le fond on est d'accord, et qu'un dialogue ping-pong comme ça a ses limites.

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  8. Si vous êtes sur Strasbourg nous pouvons toujours essayer de nous rencontrer. Contactez moi par le mail des poupées : lespoupeesenpantalon@gmail.com qu'on puisse discuter de vive voix :)

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    1. Clarisse clirstrim22 février 2012 à 04:23

      ça peut se faire mais pas dans l'immédiat, j'habite Orléans (mais je suis de l'est aussi, Lorraine, quoi)

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