16 avril 2010

Faits comme des rats?


Soeurs et frères transpédégouines et bisexuel(le)s, réveillons-nous! Une fois encore, l'hétéropatriarcat et sa sempiternelle idée de la norme, tente de définir ce que nous sommes! Sommes-nous si fascinants à étudier que cela? Nos désirs et notre sexualité sont-ils réduits à être des sujets d'études, qui plus est d'études de laboratoires?



En effet, le Professeur belge Jacques Balthazart, sort le premier ouvrage francophone sur la question d'une homosexualité génétique, ouvrage intitulé Biologie de l'homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l'être. Il y défend la thèse selon laquelle l'homosexualité aurait une origine biologique qui serait de nature hormonale au stade embryonnaire de la grossesse. Selon lui, les personnes homosexuelles auraient eu au stade embryonnaire de leur développement un taux atypique d'androgènes ou de testostérone, ceci à un moment T du développement du cerveau qui survient après celui du développement des organes génitaux.
"Une partie des facteurs de l'homosexualité est génétique, c'est la partie que l'on connaît le moins bien", explique-t-il. "On a beaucoup plus de données sur la partie hormonale de ces facteurs. Il y a enfin une partie immunologique, une réaction immunitaire développée par la mère contre l'embryon de sexe mâle" qui affecterait les préférences sexuelles, soutient-il.

Mais donc un grand merci au Professeur Balthazart! Sans l'aide duquel nous en serions toujours à nous demander pourquoi nous sommes transpédégouines et bisexuel(le)s!!!

Plus sérieusement, ce chercheur a effectué ses travaux, et écrit cet ouvrage en se basant sur des protocoles expérimentaux pratiqués sur des rats... Alors oui, il est de notoriété publique, ou du moins scientifique, que le rat est un des animaux dont les systèmes immunitaire, reproductif, cérébral, se rapprochent le plus de ceux de l'espèce humaine. Mais il s'agit de nos désirs qu'on dissèque ici! Et si le désir sexuel est en parti biologique, nous parlons ici de féromones par exemple, il est loin de n'être que cela.
Mais ce n'est pas tout. Monsieur Balthazart a en outre la prétention de démonter scientifiquement les croyances encore vivaces qui font de nous des malades, déviants et pervers; ainsi que de démonter les théories visant à expliquer l'homosexualité de manière psychanalytique ou psychologique, sur lesquelles se base d'ailleurs le Vatican! Mais réveillons-nous, se positionner face au Vatican ne vise qu'à endormir notre vigilance face aux dangers de ces travaux scientifiques!
Doit-on, qui plus est, rappeler à ce cher Professeur, ainsi qu'au Vatican, que si la transidentité n'a malheureusement pas encore été supprimée de la liste des maladies mentales de l'OMS (c'est en discussion mes ami(e)s!), ce n'est pas le cas pour l'homosexualité? Il nous dit encore que le fait d'adresser son livre à un large public aidera les gays et les lesbiennes à être mieux accepté(e)s dans la société actuelle.
Et oui ami(e)s transpédégouines et bisexuel(le)s, ce n'est pas notre faute si nous sommes ce que nous sommes! Nous n'avons pas choisi! Mais maintenant que les hétérosexuel(le)s le savent, ils vont arrêter de nous lincher! Du moins en Occident... Car n'oublions pas que nos frères et soeurs, en Iran par exemple, sont encore placé(e)s sous le couperet de la peine capitale.


Non à la revalorisation psychanalytique et morale de nos désirs !

Encore une fois, chers et chères camarades, l'hétéronormativité croissante de nos sociétés souhaite trouver un moyen de nous sauver de nous-mêmes, soit par notre acceptation, soit par la dénégation de ce que nous sommes. En effet, lorsque ce n'est pas Freud, c'est la science, ou encore le Pape!
Et oui, après la si célèbre phrase de Mme de Beauvoir, «on ne naît pas femme, on le devient.», le cardinal Javier Lozano Barragan, ancien ministre de la santé du Pape, l'a réactualisée en décembre dernier: «On ne naît pas homosexuel, mais on le devient. Pour différentes raisons, des questions d'éducation, parce qu'on n'a pas développé sa propre identité au cours de l'adolescence.». Ici encore, ce n'est pas notre faute, mais celle de nos parents! Faut-il toujours trouver des coupables? La justice divine, s'il en est une, chatiera donc nos parents au jour du jugement dernier...
Le Pape a d'ailleurs réaffirmé il y a peu de temps son opposition au mariage homosexuel. Le Monde écrivait à ce sujet: «Lors de sa traditionnelle audience de début d'année au corps diplomatique accrédité auprès du Vatican, Benoît XVI a qualifié, lundi 11 janvier, d'"attaque" envers ce que Dieu a créé, les "lois ou des projets qui, au nom de la lutte contre la discrimination, portent atteinte au fondement biologique de la différence entre les sexes".Il a précisé se "référer, par exemple, à des pays européens ou du continent américain".»

Peut-être serait-il temps que les scientifiques, les psychanalystes, et les religieux, nous laissent vivre nos désirs et nos sexualités comme il nous semble, sans vouloir à tout prix trouver une explication de leurs origines, ainsi que des coupables. Et sans vouloir à tout prix nous sauver, que ce soit psycholgiquement ou spirituellement. Nous n'avons pas besoin d'être sauvé(e)s, nous ne sommes pas malades, et nous ne sommes pas anormaux!!!
Libre à chacun et chacune de désirer qui lui semble, et libres à eux et à elles de se poser des questions sur leurs désirs, qui leur appartiennent.

Car contrairement à ce que peut penser le Professeur Balthazart, ce sont les discours moralistes et scientifiques qui laissent perdurer l'homophobie.

La seule réponse doit venir des instances étatiques, c'est aux gouvernements qu'il revient d'accorder les mêmes droits à la communauté homosexuelle que ceux accordés à l'hétérosexualité environnante permanente, et de faire en sorte que l'homophobie, la biphobie et la transphobie soient punies comme il se doit.

Soeurs et frères Transpédégouines et bisexuel(le)s, nos désirs nous appartiennent, ne nous laissons pas définir par l'hétéropatriarcat!

Auré

1 commentaire:

  1. La seule réponse doit venir des transpédégouines, pas des États, et encore moins de leur "justice" de classe/race/genre qui est depuis toujours complice des oppresseurs classistes/racistes/sexistes.

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