16 février 2011

Cerveau XX, cerveau XY

Alors, mesdemoiselles, nous qui sommes toutes hétérosexuelles,… (ben si, si, pour les magazines féminins et consorts, nous sommes toutes hétérosexuelles. C’est comme ça très chères, il va falloir nous y faire !)

Donc, reprenons. Nous qui sommes toutes hétérosexuelles et dont la seule vraie et noble aspiration dans la vie est de satisfaire notre homme : bonne nouvelle ! Nous allons pouvoir compulser une « bible » qui va nous permettre de «  mieux le comprendre »… 


Oui je sais c’est extraordinaire, mais retenez votre émotion et vos larmes de joie quelques instants car nous avons du travail.

Cinq trucs à retenir, ouf ! Il va falloir faire travailler notre petit cerveau !

Premier truc, il oublie tout. Alors que nous, nous ne vivons que pour le jour de l’anniversaire de notre rencontre amoureuse et que toutes, sans exception, nous cochons d’une croix chaque jour nous séparant de cette date merveilleuse ; notre jules-mec-mâle (enfin ce que vous voulez) l’oublie systématiquement. Notre petit cœur tout tendre se brise, bien évidemment, mais consolons-nous ! Et oui car ce n’est pas sa faute à ce cher brave XY qui partage notre vie, mais celle de son cerveau… Son hippocampe (non ce n’est pas de l’animal marin dont nous parlons, quoique ?) est moins développé que le nôtre. Et c’est pour ça qu’il ne pleurniche pas comme nous et que ses émotions sont atrophiées. Voilà qui explique tout ! Et non non, ça n’a rien à voir avec les discours du genre « les garçons ça pleure pas » et « les filles c’est rien que des pleureuses »…

Deuxième truc. On vient de nous expliquer que c’est un handicapé des sentiments. Oubliez. Maintenant c’est un grand sensible. Mais un grand sensible qui ne s’exprime pas. Et oui, il est timide le roudoudou ! Encore une fois la faute au cerveau, son ère de la communication est moins développé que la nôtre. CQFD. Cela dit, notez tout de même en passant que cela fait deux fois que l’on nous explique que son cerveau est moins développé que le nôtre. Enfin pour ce que j’en dis moi…

Allez, troisième truc, on ne perd pas le rythme ! De nouveau, on vient de nous expliquer que monsieur n’est pas très communicatif mais bon sachez que ça lui arrive quand même : quand il drague ! Et oui il est avec nous et il en drague une autre. Bien sûr ça nous agace, comment pourrait-il en être autrement ? Et pourtant cette fois aussi, « on lui pardonne ». Ce coup-ci, c’est la faute aux hormones ! Les testostérones augmenteraient en présence d’une inconnue. Ah… ben quand on nous aura tout dit !

Quatrième. Nous qui avons donc un cerveau plus développé pour la communication, on papote, on papote, on papote et seul l’écho nous répond ! Et oui, XY est déjà occupé à autre chose et deux activités en même temps, et bien, il faut dire ce qui est, pour lui c’est trop. Vous commencez à connaître le truc hein ? Encore la biologie qui fait des siennes ! Le corps calleux qui favorise les échanges entre les deux hémisphères du cerveau est plus dense chez les femmes que chez les hommes, donc nous serions plus aptes à réaliser plusieurs choses en même temps. Les pauvres, quand même, décidément ils ne sont pas gâtés par la nature…

Enfin, la différence entre lui et nous, c’est qu’il serait plus optimiste et d’humeur plus égale, moins vite atteint par les aléas de la vie. Mais non ça n’a pas de rapport avec son hippocampe cette fois, c’est parce qu’il sécrète plus de sérotonines qui régule l’humeur et combat la dépression. Ouf, et nous qui pensions qu’il était perdu !

Voici un beau portrait des femmes et des hommes dépourvu de clichés, je crois qu’on peut le dire, et estampillé certifié conforme par une (pseudo) scientificité. A se demander pourquoi on se donne tant de mal pour éduquer les enfants puisque la nature fait tout ! Dans ce genre d’article, trouvé sur un site « pour femmes » on renforce les préjugés et par là la domination de l’hétéro-patriarcat sous un alibi scientifique censé paraître irréfutable. Ne cherchez plus mesdemoiselles, si c’est nous qui faisons systématiquement la vaisselle (exemple type mais loin d’être exhaustif), c’est parce que c’est dans nos gènes et que donc, nous sommes plus douées pour ça. Puisqu’on vous dit que c’est prouvé scientifiquement ne cherchez plus, résignez-vous. A moins que… A moins que la science ne soit pas synonyme de crédibilité. Il fut un temps elle nous expliquait quand même qu’il y avait des races humaines et que certaines même, étaient inférieures. Comme quoi…

Et avec tout ça, on arrive encore à nous demander pourquoi être féministes aujourd’hui…


Lili

3 commentaires:

  1. Merci! Merci! Merci! Pour ce commentaire d'un "article" (cela m'écorche le clavier) d'un site pathétique (pardon féminin)qui m'avait pollué le cerveau il y a peu...
    Ce même jour mes amies m'ont expliqué qu'elles n'étaient pas féministes parce qu'elles aimaient leurs mecs, qu'il est gentil, et surtout, surtout parce qu'elles veulent allaiter leur bébé...

    Bien entendu, c'est anecdotique. Il n'y a aucun lien.
    Pas le moral tout à coup...

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  2. Très très bon article, mais j'aimerai juste apporter une rectification sur la fin : la science elle-même ne prend pas part aux débats sur les différences hommes/femmes ou entre "races", la plupart du temps (tous les scientifiques sont pas comme ça) les scientifiques énoncent des vérités qu'ils ont trouvées, et expliquent ce qu'elles peuvent induire, mais précisent souvent qu'ils ne sont sûrs que de ce qu'ils ont pu observer.
    Le racisme puise ces racines dans la science, parce qu'il a repris à son compte des choses vraies (à savoir les différences morphologiques entre des humains vivant sur différents continents) pour en faire un dogme en hiérarchisant des "races" qui n'existent pas.
    Ensuite, bien entendu, il y a aussi des scientifiques qui se trompent, d'autres qui interprètent des preuves pour appuyer leurs théories etc. Mais ceux-ci sont minoritaires, et ne méritent pas le titre de scientifique.
    En tous cas, excellent article, et bonne continuation!

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  3. Au fait, pourquoi vous casser la tête à vous appeller hommes ou femmes, puisque cela n'a rien de génétique ou biologique?

    Le fait de se libérer de la doctrine ségrégationniste en vigueur n'est qu'une question de volonté - et est indépendant de toute élément physique ou biologique...

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