18 février 2011

Les oeufs et l'omelette

Un certain 26 janvier 2011, où le ciel est bleu et les oiseaux chantent, malgré le fait que le chat soit dehors -il chasse les souris, sans doute...- entre deux gorgées de thé, j'ouvre Charlie Hebdo. La Tunisie, les conflits d'intérêts, la page éco, les dessins parsemés à dessein dans cet amas de feuilles volantes satiriques. Page 7, traîne un titre qui me fait tiquer : « Foetus et crucifix ». Kézaco ?


Rien que les deux premières lignes imprimées en rouge annoncent la couleur; je lis « cathos intégristes », « militants d'extrême droite », « résistance contre l'avortement ».

Pas possible, j'ai dû tomber de la machine à remonter le temps. Je vérifie date, heure et fuseau, des fois que...mais non.

Au fait, quand donc a été légalisé l'avortement au pays bleu-blanc-rouge ? 1979, non ? Peu avant le mariage de mes parents. Pas très longtemps, en somme, hein.

Mais reprenons la lecture :
« Ce soir, jeudi 13 janvier, le diocèse de Fréjus-Toulon y organise un événement soutenu par l'évêque Dominique Rey […] Une conférence intitulée « L'avortement : un crime d'Etat ? »»

Et allez, vive la France. Je n'y étais pas, et c'est bien dommage. J'aurais trouvé désopilantes de nouvelles variations sur le thème d'un « Laissez-les vivre » scandées par un Grand Popol 1 et ses fidèles myopes et décharnés sur leur arbre moribond. Mais peut-être s'agissait-il de vieilles variations ? Pas très fraîches, sans saveur ? Et que c'est pour ça que les nouveaux-nés ont dévoré le Grand Popol et l'arbre? (1) 

En effet, le prof Truc, l'abbé Machin, l'extrémiste de droite Untel et autres redresseurs de l'humanité en perdition croient benoîtement – ou prétendent croire – qu'ils peuvent déposséder de leur corps, ces pauvres femelles diaboliques que nous sommes, pour les posséder à leur guise. Cependant, ne cherchons pas d'exorciste dans les Pages jaunes, y a pas. Alors, que faire ?

On n'a pas le droit de les empêcher de se répandre en révélations qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, (question de foi, quoi, ou de crédulité) prétendant que le ventre des femelles et les fruits de leurs entrailles appartiennent à l'Eglise catholique et au FN. Soit. Mais nous, qui ne sommes ni des ouailles ni aucune autre bestiole gavable, eh bien, nous avons aussi le droit de bavarder, même si nous faisons l'amour avant de nous marier alors que c'est très mal. En plus, on a le droit de causer tordu, c'est dire.

Je palabre tordu, donc, et je proclame que, moi, « j'veux pas d'enfant, j'veux une poule ! »(2)

Chouette ça, la poulette. Si je m'en occupe bien, de mon gallinacé, elle me fournira des oeufs frais tous les matins pour mon p'tit déj british. Reste l'éventualité de la manger (miam !) ou de l'égorger par une lugubre et glaciale nuit de pleine lune dans un cimetière, histoire de prouver encore une fois que je suis une adepte de la « culture de mort »(3), comme ils-elles l'éructent avec effroi.

L'auteur du papier dans Charlie a eu le bon goût de conclure son article par un slogan qu'il a lu sur la pancarte d'un contre-manifestant ce jour-là : « L'avortement est un droit. »

Eh ouais ! Tardivement gagné, on le gardera, qu'on se le dise. Les oeufs frais aussi, que ce soit pour le brunch ou en pleine noye, selon notre bon plaisir.


Maya
 
(1)  Ami-e-s bédéphiles, lisez Les amours écologiques du Bolot Occidental, de Claire Brétecher, d'un humour délectable. SI vous n'aimez pas la BD, tant pis, mais vous ne comprendrez pas le gag...
(2) Lisez le Numéro 3 du magazine des Poupées, pour tout savoir sur les cocottes (sauf en origami)
(3) Expression chère aux pro-vie qu'on peut trouver sur le site de SOS tout-petits entre autres.

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