Le bleu est une couleur chaude

C'est avec émotion que nous voyons cette magnifique BD récompensée par le public d'Angoulême ! Nous en parlions justement dans le numéro 3...

Une après-midi grise, je suis entrée dans la boutique de BD du coin. J’y connaissais rien en BD, à part les Astérix, Tintin, Titeuf et autres Spirou bien masculin de mon enfance, où les nanas sont là parce que « fruit du désir masculin », ou parce qu’elles sont des cruches et que c’est bien drôle ah ah !

Alors j’ai demandé au vendeur : « Vous avez des BD féministes m’sieur ? » Après avoir essayé de me fourguer l’histoire du dernier mec de la terre, poursuivi par une bande de femmes enragées, il a fini par me trouver des bouquins beaucoup plus chouettes comme ceux de Marjane Satrapi et pour finir : Le bleu est une couleur chaude.

Dans le numéro 2 des Poupées en Pantalon, Erwan Bleu avait déjà écrit une petite brève sur Blue, et c’était aussi une histoire d’amour entre deux meufs, mais rassurez-vous l’auteure (et ça fait plaisir que ça en soit une !), parvient à éviter les clichés.

Avouez que commencer l’histoire par « Mon amour »… c’est déjà osé, mais n’empêche que ça m’a tout de suite attirée, grande romantique que je suis. Oui parce que cette histoire d’amour entre Clémentine, jeune lycéenne, et Emma, étudiante aux beaux-arts, peut paraître « banale » et pourtant, le coup de crayon de Julie Maroh réussit à lui donner du peps. Première tentative ratée avec un mec, premiers frissons avec une fille…

On passe des moments de tendresses entre les deux jeunes femmes, aux affrontements avec un père et une mère qui n’arrivent pas à comprendre, des manifs de 1995 contre le plan Juppé aux Prides, où le dessin suffit à tout exprimer. Pas besoin de mot. Pourtant, il y en a pour dire l’amour, parfois la haine, l’homophobie mais aussi le militantisme qui témoigne « de la souffrance que nous vivons au quotidien » (dixit Sabine, un autre personnage de l’histoire). Cette BD retrace à la fois le parcours du combattant d’une femme qui aime une personne du même sexe, jusqu’au bout - lorsque les médecins à l’hôpital refusent de parler de l’état de santé de Clémentine à sa compagne - et en même temps une histoire émouvante qui parle, qui évoque des situations familières à nous toutes.

Je n’y connais pas grand-chose de plus en BD, mais celle-ci vaut le détour.

Voir également le blog les cœurs exacerbés.

Morgan