Suite à la polémique qui fait rage autour de la campagne de communication de l'inter-LGBT concernant l'affiche de la Marche des fiertés 2011 de Paris, l'affiche a été abandonnée.
Pourtant, nous ne pouvons pas en rester là. En effet, nous dénonçons les caractères sexiste, homophobe, lesbophobe, transphobe, patriotique, nationaliste et conformiste, qui prédominent dans cette affiche.
Décomposons-là:
En premier lieu, le coq. Dans l'imaginaire collectif, le coq est un animal fier. L'inter-LGBT s'est certainement focalisée sur cet aspect pour symboliser la fierté LGBT. Néanmoins, n'oublions pas que cet animal est un mâle, un vrai, qui se pavane au milieu de sa basse-cour... Quelle image donne-t-on ici des femmes, et des lesbiennes? L'inter-LGBT est une association, qui comme son nom l'indique, réunit, femmes et hommes sur un pied d'égalité, quelle que soit son orientation sexuelle ou son genre, or dans cette affiche seuls les hommes sont « représentés » (nous pourrions d'ailleurs nous interroger sur la pertinence d'être représenté-es par un animal ?) ne laissant aucune place à l'égalité revendiquée par l'association. De plus, le coq est le symbole, non-officiel mais assimilé, de la à la République française (donnons comme exemple, le coq sportif). Rappelons étymologiquement le coq provient du latin Gallus, qui a donné le terme Gaulois, ou encore Gallinacé. En latin, il désignait à la fois les gaulois, et l'animal orgueilleux. Notons aussi, que l'arrière-plan n'est autre qu'une déclinaison de notre « cher » drapeau français. Nous pourrions croire, comme l'ont souligné certains de nos frères et soeurs transpédégouines, qu'il s'agit d'une affiche de campagne pour le Front National... S'agit-il ici d'une volonté d'afficher un parti-pris politique ? Il est dur de croire au hasard ou au simple mot d'ordre électoral alors qu'il n'y a pas si longtemps, l'UMP lançait un débat sur l'identité nationale, et que Les Panthères Roses répondaient par le slogan « Mon identité n'est pas nationale »...
Secundo: le boa rouge. Il a été argumenté que le boa symbolise l'aspect festif de la Marche des fiertés. Mais l'objectif de cette marche n'est-il pas militant avant tout ? Oublierait-on que nous marchons pour nos droits lors de cette journée? Alors soit, cette marche comprend un aspect festif... C'est en même temps le seul jour de l'année où nous pouvons déambuler à notre guise à travers les rues sans nous préoccuper de l'hétérosexualité environnante, présente les 364 jours restants. Alors oui, nous faisons la fête. Mais ce n'est pas non plus le carnaval. La Marche des fiertés réunit transpédégouines, tou-tes différent-es dans leur façon de s'exprimer. Elle est le lieu même de la diversité. Qui plus est, même s'il est bien d'associer le rouge clinquant aux hommes afin de lever la barrière des genres et qu'il est important de jouer sur les préjugés afin de se les réapprorier, l'association du boa et de cette couleur risque de cantonner l'homosexualité masculine à une sexualité de folles, d'efféminés.
Troisième aspect, mais pas des moindres: le mot d'ordre ! « Pour l'Égalité : en 2011 je marche, en 2012 je vote. » Il est bien connu, que si le gouvernement passe aux mains des socialistes, l'homophobie n'existera plus, le mariage homo, l'adoption, la PMA (procréation médicalement assistée), tout ce dont nous pourrions rêver, y compris la chute des barrières de genre et des normes, arriveraient comme par magie. Et nous aurions tous les jours un bel arc-en-ciel au dessus de nos têtes ! Arrêtons de rêver s'il vous plaît! Tous les droits acquis ces 40 dernières années, ont été arrachés de force aux pouvoirs en place, quels qu'ils aient été. Certes la droite assume son homophobie (même si elle essaie de prétendre le contraire avec leur association Gay Lib nous gardons le souvenir cuisant de Christine Boutin manifestant contre le droit à l'adoption et de Christian Vanneste tenant des propos plus qu'homophobes) mais la gauche n'est pas en reste. Les droits sont acquis par les militant-es au sein des associations, ou des partis, et non donnés par leurs dirigeants, surtout lorsque ceux-ci sont au pouvoir. C'est dans la rue qu'ont été revendiqués ces droits et que les personnes LGBTI ont fait pression sur les gouvernements pour tenter de transformer la société patriarcale et homophobe. Pourtant nous pouvons constater un retour en arrière du point de vue militant ces derniers temps et nous nous demandons, aujourd'hui où est passé l'aspect révolutionnaire de cette journée ? La Marche des fiertés est née après des affrontements entre forces de l'ordre et transpédégouines, aux Etats-Unis dans les années 70, l'aurions-nous oublié? C'était l'expression d'une révolte. Elle voulait dire : « changeons la société » et non « soyons comme les autres, comme les hétéros ». Cette journée a pour but ultime de ne plus avoir à exister. Elle n'existera plus si toutes les barrières sont levées, les barrières de genre, les barrières de sexualité. Ce n'est pas uniquement une question d'égalité de droit, même s'il est évident que nous devons toutes et tous avoir les mêmes.
Enfin suite à la lecture de nombreux articles et commentaires provenant de militants ou non à propos de cette polémique, nous avons pu remarqué l'utilisation régulière du terme « Gay Pride » pour parler de la Marche des Fiertés et il nous semble important de remettre ce terme en question. Dans plusieurs villes de France la Marche des Fiertés est nommée « Gay Pride », ce qui pour nous est à la fois réducteur et problématique. Réducteur car ce titre ne fait aucune mention des L B T et I. Problématique car cela reflète le sexisme ambiant de la société actuelle mais aussi les discriminations envers les personnes transgenres et intersexes alors que cette marche devrait affirmer la nécessité de lutter contre toutes ces discriminations. Il est important aujourd'hui de renommer les Gay Pride en « Marche des fiertés LGBTI» ou « Marche des visibilités LGBTI ».
L'inter-LGBT a peut-être abandonné le coq et son boa, mais le mot d'ordre reste le même. Ils ont dû oublier Stonewall... Par cette affiche patriotique est nié le caractère international de nos luttes : les luttes LGBT (et bien d'autres) ne sont pas une particularité française !
Redonnons à ces marches leurs valeurs militantes.
Arrêtons d'être fièrEs (de la France), soyons révolutionnaires !
Arrêtons d'être fièrEs (de la France), soyons révolutionnaires !
Et ça, vous ne pensez quoi ? : http://yagg.com/2011/04/21/gay-pride-apres-le-coq-au-boa-voici-la-marianne-a-moustache/
RépondreSupprimerLire aussi : http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1051-attention-aux-cretes-de-coq.html , http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/823-du-racisme-sexuel-chez-les-bisounours.html , http://yagg.com/2011/04/13/affiche-de-la-marche-des-fiertes-parisienne-linter-lgbt-repond-aux-critiques/ , http://blogs.tetu.com/nos_combats_lgbt/2011/04/25/les-ayatollahs-de-l’interieur/ , http://www.france.qrd.org/spip.php?article4846
«Arrêtons d'être fièrEs, soyons révolutionnaires !» : Maismaismais... quel magnifique slogan !!! o_Ô
RépondreSupprimerJe suis gay, impliqué dans le combat pour la reconnaissance de nos droits, et pourtant je ne suis pas choqué par cette affiche...Il est vraiment temps d'arrêter la paranoïa autour du moindre symbole dit "nationaliste", certes l'extreme droite progresse dangereusement, mais est ce une raison pour rejeter en bloc tout symbole appartenant, qu'on le veuille ou non, a la culture et a la symbolique française?
RépondreSupprimerQuant a dire que cette affiche serait blessante pour certains, excusez moi d'être cru mais lancer un projet quel qu'il soit c'est prendre le risque dans tout les cas de choquer une tranche plus ou moins large de la population....Si l'on devait prendre en compte la sensibilité individuelle de tout le monde avant de lancer un projet, je crois que plus grand chose ne se ferait en ce bas monde (ce qui ne veut pas dire que l'on peut se permettre d'afficher des discriminations clairement et publiquement, mais dans le cas présent, comme je l'ai souligné plus haut, je pense qu'il s'agit plutôt de paranoïa de la part d'un infime nombre de LGBT que d'une réelle volonté de stigmatisation de la part des createurs de l'affiche)...
Sur ce, libre a vous de vous obstinez dans des délires analytiques sur le sens subliminal intrinsèque de cette affiche lorsqu'il a surement bien plus grave et pertinent a soulever dans l'actualité gay :)
Il ne s'agit pas de rejeter en bloc tout symbole appartenant à la culture française mais bien d'analyser quels types de symboles sont choisis dans cette affiche car ils sont loins d'être anodins, au contraire ils sont univoques.
RépondreSupprimerAlors que le gouvernement enchaîne les débats on ne peut plus racistes au nom d'une prétendue identité nationale (et par ailleurs à un an des éléctions dans lesquelles le FN a visiblement toutes ses chances) difficile d'imaginer que l'utilisation de ces symboles patriotiques soit innocente. Les spécialistes de la communication réfléchissent aux images et aux discours qu'ils conceptualisent,ces choix de leur part ne sont absolument pas naïfs ou simplement folkloriques. La publicité/communication est le domaine par excellence de la manipulation par une construction visuelle adressée à un public précis dans un sens précis.
Par ailleurs, nous ne disons pas que cette affiche choque n'importe qui. Nous nous moquons bien, lors de la marche des fiertés, de choquer les hétérodominant-es. Ici ce sont les militant-es qui sont révolté-es, or ce sont les principales concerné-es. L'affiche attaque un collectif et non seulement des individualités, voilà pourquoi notre point de vue doit être et est politique et non un "délire analytique" comme tu sembles le croire.
je trouve effectivement cette affiche ratée.
RépondreSupprimerQuand je l'ai vu la première fois je l'ai juste trouvée affreusement laide (et ridicule), je sais que le sens esthétique est loin d'être le plus important mais quand même, on peut faire un effort.
Ensuite, en lisant cet article, je suis convaincue par l'argumentation que je ne trouve absolument pas fantaisiste mais au contraire très pertinente.
Donc mort à cette immonde coq entouré de son boa...
Qu'on demande un peu de tolérance est une chose. Mais pourquoi diable inventer des mots en y collant phobe. On pourrait dire bleu ophobe, vertophobe, têtophobe...Cela fait un peu trop victimaire et pas sûr que cela sert le combat que vous menez.
RépondreSupprimer