22 janvier 2012

Lettre à Jean-Noël Jeanneney

Monsieur,

Ce matin, samedi 21 janvier 2012, j'ai écouté votre émission intitulée « Le péril jeune, de l'Antiquité à nos jours », dans Concordance des temps, sur France culture.
Je tiens à vous signaler que votre invité et vous-même n'avez cessé, tout le long de votre émission, de parler de « jeunes » comme s'il s'agissait de TOUS les jeunes alors qu'il s'agissait d'évidence des jeunes hommes. Quel exemple plus criant, d'ailleurs, que celui des bordels prévus pour les jeunes : car qui a jamais entendu parler de bordels pour jeunes femmes ?

Monsieur Jeanneney, pouvez-vous me dire ce que vaut un historien qui ne précise pas de qui il parle ?
Que vaut un historien qui évacue de son propos la moitié de l'humanité – les femmes – sans le signaler clairement ?
Que vaut, surtout, un historien qui ne se rend pas compte – et c'est bien le plus grave – qu'il pense, fabrique et transmet l'histoire de façon erronée parce qu'en tant qu'homme il part du présupposé que parler des hommes c'est parler de l'histoire de l'humanité ?

Quand vous dites « les jeunes » dans le sens de « tous les jeunes » et qu'en réalité vous ne parlez que des jeunes hommes, vous exercez une violence symbolique sur les femmes en les faisant disparaître de l'histoire de l'humanité. Vous les rendez invisibles, inexistantes, insignifiantes. Alors, Monsieur Jeanneney, sauf le respect que j'ai pour vos émissions, je vous dis ceci :
inutile de nous faire des émissions sur l'histoire de la virilité (14 janvier 2012) et sur le féminisme, pendant lesquelles vous aimez vous montrer le défenseur de l'égalité des genres, si, le reste du temps, vous vous comportez en mâle dominateur qui exclut les femmes de l'histoire.

Ce serait bien que vous en preniez conscience, que vous décidiez alors de vous corriger, et, pourquoi pas, de vous excuser auprès des femmes : ce serait leur rendre un peu de la considération dont on les prive si souvent.

Réfléchissez, Monsieur Jeanneney. En tant qu'historien et en tant qu'homme, vous avez des responsabilités.

Virginie

2 commentaires:

  1. pour le coup il faut aussi préciser de quelle région du monde il parle, sinon ça s'appelle de l'ethnocentrisme. (non, ça ne se passe pas comme ça, à Samoa....)

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  2. ethnocentrisme, sexisme, et racisme, tout cela provient de la même chose, le biais pro endogroupe.
    C'est un réflexe commun à tout le monde. Cependant, je pense que l'émission devait concerner une certaine région du monde (de la même manière que l'époque est délimitée), et que sans doute cela a du être précisé au début. (Je ne sais pas, je ne l'ai pas écouté donc bon, c'est une supputation). Mais partant de ce principe, le reproche serait justifié. Un peu abruptement présenté, mais la présentation d'un argument ne le discrédite pas s'il est justifié...

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