19 janvier 2012

Que les hommes et les femmes soient belles !

Pétition (ici)


« Le masculin l'emporte sur le féminin. »


Cette règle de grammaire apprise dès l'enfance sur les bancs de l'école façonne un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme supérieur au féminin. En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a œuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi : « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte. »

Pourtant, avant le 18e siècle, la langue française usait d'une grande liberté. Un adjectif qui se rapportait à plusieurs noms, pouvait s'accorder avec le nom le plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec ancien, elle s'employait couramment.

Plus récemment, l'éminente linguiste, Josette Rey-Debove, l'une des premières collaboratrices des dictionnaires Le Robert, disait à ce sujet : « J'aime beaucoup la règle ancienne qui consistait à mettre le verbe et l'adjectif au féminin quand il était après le féminin, même s'il y avait plusieurs masculins devant. Je trouve cela plus élégant parce qu'on n'a pas alors à se demander comment faire pour que ça ne sonne pas mal. »

335 ans après la réforme sexiste de la langue

Nous appelons chacun-e à révolutionner les écrits, les correcteurs d'orthographe et nos habitudes en appliquant la règle de proximité !

Nous demandons à l'Académie française de considérer comme correcte cette règle qui dé-hiérarchise le masculin et le féminin et permet à la langue une plus grande de liberté créatrice.




A l'initiative de : L'égalité, c'est pas sorcier ! - La Ligue de l'enseignement - Le Monde selon les Femmes - Femmes Solidaires

3 commentaires:

  1. Ah la la, mon rêve. Quelques fois lorsque j'écris j'hésite, mon premier mouvement est d'accordé au féminin, mais c'est une faute, alors je met au masculin, mais effectivement, ça écorche l'oreille, alors, je reformule ma phrase autrement.
    Je trouve oui, que ce ne serait pas du luxe de faire disparaître cette règle archaïque qui en plus a été imposé a postériori par un (en fait 2, il y en a un autre il me semble) misogyne notoire. J'ai peu d'espoir de voir ça de mon vivant (je n'ai pourtant "que" 28 ans) mais, quelle révolution et quelle victoire ce serait! Dans le même genre, j'aimerai que l'Homme disparaisse au profit de l'humain. Les droits de l'humain au lieu des droits de l'Homme qui finit la plupart du temps par perdre sa majuscule, ce qui ne fait que montrer au final que la majuscule est là pour faire jolie, en justification, mais qu'il s'agit bien des hommes et que les femmes sont effacées du discours, et de la réalité. J'ai appris par exemple que les anglosaxons ont suprimés le mankind par humankind, et je me dit que nous sommes vraiment, en France un pays d'arriérés...

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  2. Bonjour Bérénice,

    Je partage les mêmes rêves. Le rêve d'un monde où on nommerait les choses par leur vrai nom. Car alors cela voudrait dire qu'on les pense avec justesse.
    Devoir dire "l'Homme" pour "l'humanité" m'insupporte également. C'est banni de mon vocabulaire, mais il faut supporter celui des autres, notamment celui des institutions !

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  3. Virginie,

    Je ne vous le fais pas dire ^^
    Les mots façonnent la réalité je pense, et un discours dont on est totalement absentes nous occulte à nous-même jusqu'à notre propre existence. Englouties dans le masculin soi-disant neutre on disparait de la représentation de la réalité. Pourtant, on continues d'exister encore et toujours et de devoir lutter pour que cela se sache :)
    Honnêtement, je me demande, s'ils n'avaient pas besoin de nous pour caresser l'éternité, s'ils ne nous auraient pas exterminées...

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