Pour éviter un essoufflement inutile de vos claviers, chers fustigateurs des femmes-et-mères-coupables-de-tous-les-maux-de-cette-planète-et-surtout-coupables-d’avoir-enfanté-une-multitude-de-sexistes-en-puissance-et-donc-d’avoir-ainsi-engendré-l’oppression-de-toutes-les-femmes, pour vous sexistes et anti-féministes de tous poils : voici une petite mise au point.
On nous dit (je dis bien « on » car il s’agit d’une réponse à un commentaire anonyme) qu’il persiste une misogynie ambiante du fait de l’éducation donnée par les mères à leurs enfants.
On nous dit (je dis bien « on » car il s’agit d’une réponse à un commentaire anonyme) qu’il persiste une misogynie ambiante du fait de l’éducation donnée par les mères à leurs enfants.
Nous sommes d’accord sur un point : le sexisme est une construction culturelle, il n’est pas propre au genre masculin et n’est absolument pas génétique. Par contre, je ne crois pas au déterminisme de ces nombreux ouvrages pseudo-psychologiques affirmant que tout se joue avant 3 ans. Ainsi, l’éducation parentale (qu’elle soit l’œuvre d’un couple hétéro, homo ou mono parental) n’est pour moi qu’un élément parmi tant d’autres dans la construction de chacun-E et ce qui pour moi nous habitue à une image essentialisée de LA femme, et nous montre comme naturel et immuable un idéal de la femme-objet-mère-écervelée-naturellement inférieure à l’homme en tous points c’est : l’école, les lois, le langage dominant, les publicités, la culture dominante, les coutumes et les traditions, les religions, les symboles, le sport, les féministes essentialistes, l’extrême droite, de nombreux partis politiques, le gouvernement français actuel et les précédents….
D’ailleurs, si seule l’éducation parentale était influente, je ne serais pas féministe.
Ensuite, il parait que nos corps nous appartiennent : nous sommes libres de tomber enceinte ou non, d’avoir des rapports sexuels ou non… Mais aujourd’hui encore nous devons scander ce slogan des années 70 car il n’est toujours pas devenu une réalité. Et je pense que :
- les femmes ayant subis les viols correctifs car elles sont lesbiennes ;
-celles dont les corps sont mutilés pour qu’elles ne puissent ressentir aucune jouissance ;
-celles qui ont connu le viol comme arme de guerre ;
-celles à qui on a proposé de coucher pour avoir un job ;
-celles qu’on culpabilise de ne pas se soumettre au devoir conjugal ;
-celles qui ont subi l’inceste ou la pédophilie ;
-celles qu’on force à porter des robes « car-elle-est-une-fille » et des tailleurs pour le travail ;
-celles qui portent plainte pour agression sexuelle mais à qui on rétorque que porter une mini-jupe ou un décolleté c’est de la provocation ;
-celles à qui on explique qu’avoir des poils sur les jambes et sous les bras c’est pas féminin ;
-celles à qui on explique que toutes les femmes sont faibles, douces mais hystériques ;
-celles qu’on insulte car elles ont avorté ;
-celles pour qui il n’était possible d’avorter qu’en s’enfonçant une aiguille à tricoter dans le vagin ;
-celles qu’on culpabilise parce qu’elles n’allaitent pas ;
-celles qu’on traite de garçon manqué parce qu’elles fument et boivent de la bière ;
-celles à qui on a dit que pour changer de sexe il fallait passer par la case « psychiatrie »
-celles à qui on dit que l’homosexualité est une maladie mentale…
Et bien je pense que toutes ces femmes vous diront qu’à un moment donné de leur vie, de façon ponctuelle ou permanente, elles ont été dépossédées de leurs corps.
Enfin, on nous dit qu’il est temps de nous battre au lieu de « taper sur les mecs » : mais ceux à qui nous nous attaquons ce sont les patriarches, les phallocrates, les machos, les homophobes, les lesbophobes, les transphobes, les biphobes, les racistes, les anti-féministes, les essentialistes. La question n’est pas de combattre les hommes, mais de se battre avec tou-te-s celles et ceux qui affirment qu’il y a une oppression des femmes contre celles et ceux qui la perpétuent. Et si dans un premier temps, comme c’était le cas lors de la première assemblée des féministes à la Sorbonne le 21 mai 1970, il faut en passer par la non-mixité pour faire émerger une lutte pour l’émancipation et la libération des femmes, alors nous passerons par la non-mixité.
Lorraine
OUHOUHOU !!! je suis entièrement d'accord ! Vive la non mixité et "nos amis" on les connaît, la bonne conscience, je parle à ta place ... Sans les hommes luttons sans les hommes vainquons !
RépondreSupprimerSuperbe...
RépondreSupprimer"Vive la non mixité et "nos amis" on les connaît, la bonne conscience, je parle à ta place". Et que faites-vous des trans, des drags, des butchs... ??? Et vous exigez une vérification du sexe à l'entrée. Où vous vérifiez uniquement les personnes au physique trop androgyne ou masculin ??? Ou vous procédez comme la police et vous vérifiez l'identité attribuée par l'Etat sur les cartes d'identité ??? Il semble bien que les choses ne soient pas si simples !
RépondreSupprimerPersonne n'a dit que les choses étaient simples... Mais il me semble évident que le concept de non mixité inclut tou-te-s celles qui d'une manière ou d'une autre subissent l'oppression liée au genre, qu'elles soient femmes "bio", butch, transidentitaire...
RépondreSupprimerDe la part de Loudyk
RépondreSupprimerSalut les filles, je soutiens votre combat mais la non mixité ressemble à du radicalisme et ça me dérange. Je suis une femme sénégalaise d'origine. J'ai eu des hommes dans ma vie passée parce que le schéma patriarcal me l'avais dicté aujourd'hui je vis mon homosexualité et ça c'est ma vraie vie. Je suis maman d'une petite fille métisse. A moi toute seule et pour certains je réunis trois tares : femme, noire et lesbienne alors les termes sexisme, racisme et homophobie me sont chers et malheureusement que trop familiers. Malgré tout les filles je ne peux être partisane de la non mixité. Si ns voulons être reconnu-s-es, c'est dans cette même société que vous fustigez alors comment comptez-vous chercher l'adhésion de ceux que vous rejetez en bloc ? A ce moment-là, créons une communauté apatride, cherchons une terre d'exil et auto-suffisons nous. Pour moi le patriarcat est notre cible prépondérante. Opposons ce schéma à une multitude d'autres. L'école est le lieu de tri social par excellence, tout y est codifié et paramétré. c'est ici que nous devrions y avoir une tribune.
Dans les cours d'école, les premiers discours sexistes et homophobes se font entendre : "les filles ça ne se bat pas !", "t'es un-e homosexuel-elle", " ...de toute façon, c'est papa qui commande". Des discours pareils et bien d'autres dépeignent déjà l'intolérance qui nichent déjà chez certains enfants. Mon combat est là aujourd'hui, j'expose à ma fille l'homophobie latente de ses dits copains d'école et je casse cette dite normalité des sexes et des identités sexuelles. Si des mamans sont parmi vous, je serai ravie de vous entendre et réagir à mon point de vue et surtout de savoir comment vous vous dépatouiller avec le modèle roi de l'hétérosexualité au quotidien.
A très bientôt.
Je vous laisse mon blog les filles : http://onditkoi.centerblog.net
Salut Loudyk !
RépondreSupprimerPour ce qui est de la non-mixité, c'est une méthode (non une fin en soi) de notre combat. Nous en avons fait l'expérience et avons pu constater que de se retrouver qu'entre filles à certains moments et pour discuter de certains sujets (car il ne s'agit pas non plus d'exclure les hommes d'office d'un mouvement féministe), libérait notre parole. Ce qui est fondamental... Les schémas hétéro-patriarcaux de la société sont présents partout et aussi dans l'éducation (je ne t'apprends rien)et sont malheureusement tellement intégrés qu'il est très difficile de les mettre à distance pour pouvoir en débatre et les remettre en question. Et pour le faire, se retrouver entre personnes subissant la même oppression de fait et sans ceux qui, consciemment ou pas, peuvent être les acteurs de cette oppression est nécessaire.
Ensuite, il est à mon avis fondamental que les "dominés" s'organisent entre eux, sans les "dominants" pour construire une lutte qui leur appartient. Ce qui n'exclue pas forcément de les rejoindre par la suite. Mais c'est à nous d'organiser notre combat et nous n'avons pas besoin des hommes pour nous apprendre à le faire (comme ils ont voulu le faire avec le MLF). Et si l'absence d'hommes est un prétexte pour ne pas écouter les revendications des femmes, c'est croire qu'elles n'ont pas de crédibilité et qu'elles sont incapables de penser et d'agir pour elles-mêmes. Mais tout comme les noirs, les homosexuels (et tous les autres groupes d'opprimés) n'ont pas besoin que des blancs et des hétéros viennent construire leurs mouvements de libération. Et imposer la présence d'hommes blancs hétéros dans ces groupes, sous prétexte que sans celui-ci leur discours n'est pas crédible pourrait suggérer que ces derniers ont en effet une légitimité comme dominants...
Est-ce que c'est radical? Oui très certainement mais notre combat l'est. celui-ci est sans concession car ce n'est pas avec quelques réformettes (non appliquées eu demeurant) que nous pourrons nous défaire de notre oppression. Celle-ci est ancrée profondément dans les fondements mêmes de notre société et pour s'en débarrasser il va falloir creuser tout aussi profond. On ne peut pas changer gentillement l'idéologie fondamentale sur laquelle est basée une société sans attaquer de front cette société. S'il faut la renverser, nous la renverserons. Oui, c'est radical. Mais oui, c'est nécessaire.
Bonjour!
RépondreSupprimerBeau discours mais juste un oubli dans la listedes femmes culpabilisées : "celle qui disent ne pas vouloir d'enfants"! C'est encoe un sacré tabou et c'est loin d'être accepté par tout le monde!