20 août 2011

C'est l'été et les petites filles s'en prennent aussi plein la tronche


Nous sommes toutes habituées à voir des corps de femmes dénudés, retouchés avec Photoshop nous vendre du rêve, du luxe, et de la confiance en soi en promettant d'atteindre cet idéal si l'on s'approprie le bon produit : lingerie, voiture, bijoux, alimentation, crème anti-cellulite, anti-ride, gélule coupe-faim et j'en passe.

Nous savons aussi toutes qu'avant de rentrer dans un tabac-presse ou la librairie de la gare nous devons nous armer psychologiquement à affronter les revues féminines nous incitant à perdre 5 à 10 kilos en 2 semaines le tout pour notre plus grand bien puisqu'avec perte de poids rime estime de soi, estime et envie des autres, plus grande sociabilité (vous êtes agréable à voir, élancée et souriante parce que bien dans votre corps, on va forcément plus facilement vous aborder) et plus de sexe (on vous désire plus et vous n'avez plus à avoir honte de vous montrer nue). Oui enfin ça c'est si vous n'avez pas l'estomac qui gargouille toutes les trois minutes et que vous n'êtes pas irascible et fatiguée parce que vous n'avez pas votre apport de calories pour la journée.


Bref, vous le savez, nous le savons, les femmes comme les hommes (eux aussi ont droit à leurs articles perdez du poids et prenez du muscle même si la pression médiatique est nettement moins forte) se doivent d'atteindre l'idéal physique et social de la taille 0 et du compte en banque qui en contient plusieurs de préférence avant la virgule et avec au moins un 1 devant (Après tout nous vivons dans l'aire du binaire). Et la pression se fait d'autant plus forte en été, « sea, sex and sun » obligent.

Après cette longue introduction j'en arrive enfin à la raison du choix du titre de l'article et au cœur du sujet. Comme tous les jours, je fais le tour des différents sites de revues de presse marqués dans mes favoris et sur le site du Guardian en fouillant du côté des faits sociaux, voilà sur quoi je tombe : A diet book for six-year-old girls: the worst idea ever?

Cet article dont le titre se traduit par Un livre de régime pour les filles âgées de six ans : la pire idée jamais eu ? nous informe de la parution à venir d'un livre d'un auteur américain, Paul Kramer, destiné aux enfants de 6 à 12 ans, plus précisément les filles, et dont le titre, Maggie goes on a diet (Maggie se met au régime), et la couverture soulèvent le débat. Certes les médecins nous le rabâchent souvent, les enfants et les adolescents des pays occidentaux ont une forte tendance au surpoids ou à l'obésité dû à un manque d'activité physique et une alimentation plus basée sur le grignotage et les repas rapides, trop salés et trop sucrés. De là le bombardage de messages mangez-bougez, et cie à la télévision durant les plages horaires réservées aux enfants. Pas sûre qu'un petit pois et un cornichon en dessin animé changent la donne pour autant, même s'ils passent toutes les deux minutes.

Alors qu'en est-il de Maggie goes on a diet ? Quel message adresse l'auteur aux jeunes américaines ? Sur le site Amazon où le livre est en pré-vente, Maggie est présentée comme « une fille de 14 ans en surpoids important et peu sûre d'elle qui entame un régime et se transforme en une ado de taille normale et devient la star de l'équipe de football. Avec le temps, de l'exercice et de gros efforts, Maggie prend de plus en plus confiance en elle et développe une image positive d'elle -même. »

Si on ne lisait que la moitié du résumé on pourrait y voir un projet positif, incitant les jeunes filles à prendre conscience de leur corps et de leurs possibilités à travers l'exercice et qui plus est en s'essayant à un sport pensé masculin. Mais certains termes me sautent aux yeux. « Normal-sized », « de taille normale ». Je me demande bien ce que l'auteur entend par là. Pour certains une taille normale sera le calcul de l'Indice de Masse Corporelle, pour d'autres une question mensurations ou encore la quête du Graal, la taille 0. Et la couverture alors ? Cette adolescente tenant une robe trop petite pour elle imaginant que le miroir la reflète svelte, longiligne. Maggie goes on a diet va bien plus loin que le message politiquement correct et le conseil avisé du scientifique. Ce que laissent présager l'illustration et le sommaire c'est un livre véhiculant le même idéal que les publicités et les magazines précédemment mentionnés. Comment ne pas être révolté par un tel projet ? Qui irait lire ou faire lire à des enfants de 6 à 12 ans un livre qui promet de tenir le nouveau discours de l'american way of life : un minimum de calories, un maximum de sport, une taille 0 et tout vous réussira. Comment ne pas songer aux conséquences qu'engendrent une telle pression sur les comportements alimentaires des jeunes filles et femmes ?

Nous avons encore beaucoup de travail devant nous avant de pouvoir nous libérer du diktat de la norme, de l'oppression de la beauté parfaitement superficielle. Le choix d'un esprit sain dans un corps sain, c'est pas gagné.


Rhea

5 commentaires:

  1. Attention, les premières lignes de l'avant dernier paragraphe apparaissent tronquées par l'illustration. C'est vraiment dommage. Moyen d'y faire quelque chose ?

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  2. Bonjour

    Il semble que la forme de l'illustration de cet article reflète son fond, tout au moins dans mon navigateur (Safari 5.0.6) : elle est obèse, et masque une partie du texte qui se trouve en dessous...

    De la mag(g)ie du Web ;)

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  3. Les Poupées en Pantalon21 août 2011 à 07:07

    Merci de nous avoir signalé le décalage de l'image. problème résolu !

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  4. Zon qu'à arrêter de bouffer du boeuf et des poulets aux hormones, ces Américains.

    Si les hormones et les antibiotiques font grossir les animaux il n'y a pas de raison que cela ne fasse pas grossir aussi les petites filles .. et les autres

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  5. Arrêtez d'acheter la presse féminine, et la pression sociale s'arrêtera avec. y'a quand même quelque chose de masochiste à filer des thunes à des gens qui vous disent que vous n'êtes pas assez comme ci, pas suffisamment comme ça.

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