« Et le gagnant est… » Eh oui ! Le gagnant de la palme du dominateur le plus rapide de l'ouest, je l'ai rencontré hier. J'ai de la chance, non ? Je sortais d'un bar avec deux amies avec qui j'avais passé une merveilleuse soirée féministe, quand un homme s'adresse à l'une d'elles : il avait trouvé qu'elle avait quelque chose de fort dans sa parole et il voulait lui poser une question. Cet homme aimait une femme à la folie, mais bon, comme cela arrive parfois, il ne lui semblait pas qu'elle l'aimait autant. La question était : qu'est-ce que les femmes attendent d'un homme ? Ce à quoi nous avons répondu qu'on ne peut donner une réponse générale à une telle question. Tout cela aurait pu être très sympa dans un état d'esprit de respect mais ça n'a pas été le cas. Car voici comment ça s'est passé.
L'homme ordonne d'abord à chacune d'entre nous de le regarder dans les yeux, bien sérieusement. Moi, avec mes deux verres de vin et ma lassitude d'un type de conversations récurrent, je pars dans un fou rire irrépressible. Aïe ! C'est mal vu ! Puis j'ai le malheur de regarder ailleurs et de me racler la gorge. J'ai alors droit à un « Pourquoi vous raclez-vous la gorge, comme ça ! Voilà ! C'est bien les femmes ! On vient, sincère, pour raconter… etc » Puis, comme je dois me défendre, je parle plus que les autres, ce qui me vaut un : « De toute façon ce n'était pas de vous que j'attendais une réponse, c'est d'elle, qui a une parole forte ». Je me défends en lui disant que s'il m'a demandé à moi aussi de le regarder dans les yeux, c'est sans aucun doute que je suis invitée à participer à la conversation. Et là, pour se venger, il me signifie que je suis moche, pas sexy, pas baisable sans doute, de la façon suivante « Vous savez, vous devriez porter des lentilles plutôt que des lunettes. » Ca ne fait ni une ni deux, la coupe est pleine et je réponds, les yeux dans les yeux « Ca, je ne l'accepte pas ! », et mes super copines féministes me soutiennent en disant simplement : « Bon ben nous on va partir. Au revoir »
En cinq minutes, j'ai donc eu droit à un condensé de domination masculine :
- Fais ceci (regardez-moi dans les yeux)
- Ne fais pas cela (pourquoi vous raclez-vous la gorge!)
- Tais-toi (ce n'est pas de vous que j'attendais une réponse)
- Ressemble à ce que je veux (les lunettes)
Tout cela sur le fond d'un autre ordre, d'une exigence tacite mais bien présente, imposés à toutes : « Ayez l'attention, l'écoute, l'attitude que je veux, au moment où je le veux. » Sous couvert de poser une question, il a exigé de nous, comme si cela allait de soi, que nous ayons, à l'instant même où il le voulait, un visage pénétré, sérieux, concerné par son problème. Car il ne nous a pas demandé s'il pouvait nous poser une question, ou si nous étions disponibles pour discuter avec lui de son problème, non. Pour lui il était évident que nous serions disponibles à sa fantaisie du moment. C'est normal, nous sommes des femmes ! Nous sommes des poupées (s'il avait su de quel genre, il aurait eu peur !) ! Et quand les poupées n’obéissent pas, quand elles n'ont pas le visage et l'attitude que le maître-homme attend, on ne peut que s'attendre à son courroux, et une basse vengeance. Alors entre mes rires, mon regard vague, et mon refus de me taire, le monsieur ne pouvait qu'être fâché.
C'est pourquoi, aujourd'hui, j'ai bien l'honneur de lui remettre la palme du dominateur le plus rapide de l'ouest, sachant qu'il faudra qu'il la passe à d'autres, car s'il n'y a qu'une palme, il y a beaucoup de dominateurs.
Quand à sa question à propos de la femme qu'il adore, ce n'est pas à lui que je répondrai, mais à elle. Et ma réponse sera : « Barre-toi ! C'est mal barré ! »
Ca en devient presque marrant, ça, en fait.
RépondreSupprimerDans le genre, y'à les hommes qui vont dans l'autre sens. Si avec mes coupines j'ai tendance à être expensives), autant en public, je suis plutôt trés discrète (dans le mesure du possible quand on est handicapé). Pull neutre, jean neutre, lunettes neutre, non coiffure neutre, pas de maquillage (j'aime pas ça, j'aime pas les vêtement non plus en fait.) Plus la petite croix autour du cou pour couronner le tout. Et un bouquin sur les genoux. De fantasy. Toujours.
Autant dire que ça ne plaît pas à certains... Et certaines. Comprenez, une femme (ou une ado encore plus), ce doit d'être active ! De s'habiller bien en faisant attention ! De se maquiller ! De parler au gens (la solitude c'est MAL rappellez vous en.) ! Quelqu'un qui comme moi lit un bouquin dans un coin de bar discrètement, se fait automatiquement accostée pour recevoir des conseils. Véridiques. Si j'étais pas catho, je balancerais une giffle, mais bon, je me limite à une phrase modérée et gentille :
"Casse toi connard, je fais ce que je veux, quand je veux, où je veux, et je t'emmerde."
Ouais bon... vous avez juste parlé à un boulet bourré quoi. Il est malheureux que ce genre de situation soit ultra commune et ultra relou.
RépondreSupprimerPour la domination je sais pas, après tout tu réinterprètes tous ces faits et gestes dans ton article. Ce que je retiens c'est le fait de se faire accoster sans avoir rien demandé et que le ton vire rapidement à l'agressif. Et je suis sûr qu'on en peut plus au bout d'un moment (je peux pas parler pour moi les gens m'accostent pas tellement pour me parler de leurs sentiments ou me draguer mais juste pour me taper des clopes ou des tunnes).
Bonjour,
RépondreSupprimerQuand il s'agit d'un comportement récurrent, largement partagé, je doute que l'alcool y soit pour quelque chose… Ce serait plutôt un révélateur.
Moi il m'est arrivé une scène tout à fait similaire. Au restaurant avec une connaissance (l'ami d'un ami d'une amie que je rencontrais pour la première fois). On était une dizaine. Je me suis retrouvée en face de ce type, la petite trentaine, qui a commencé à déblatérer sur la superficialité féminine. Je lui ai fait une remarque sur la vacuité de sa conversation précédente en arguant qu'il était un homme et que cela ne rendait pas profond tout ce qu'il disait. Et que la superficialité n'avait donc rien à voir avec le sexe. Et il m'a répondu en me faisant une remarque sur mon physique (concernant le fait que ma coupe de cheveux n'était pas à son gout). Sur ce je l'ai sommé de cesser de me parler et ai discuté avec son voisin. Il a continué à me parler tout en remplissant mon verre d'eau sur le thème "ma petite je déciderai moi-même quand la conversation devra prendre fin".
RépondreSupprimerCette "galanterie", remplir mon verre, n'était qu'une façon masquée de prendre l'ascendant sur moi avec un comportement paternaliste condescendant. Une mise en acte de son contrôle sur moi en tant qu'homme qui agit pour/sur la femme. Très très agacée, je lui ai dit que s'il continuait à me parler, je serai obliger de le gifler. Et je me suis levée pour ne pas lui laisser l'occasion de continuer la conversation malgré ma menace. En ce qui me concerne, son humiliation, qui se lisait sur son visage a été une grande satisfaction. Comme je lui avais fait cette remarque devant ses amis et qu'il ne pouvait décemment pas me gifler, il a été contraint de ravaler sa rage. Et de prendre sur lui. J'ai fini le repas à l'autre bout de la table avec mes amies.
C'est loin d'être la seule situation dans ce genre qui me soit arrivée. J'ai fait le choix de m'assoir sur les conventions sociales et d'être très agressive verbalement (en menaçant carrément de passer à l'agression physique). En vérité c'est un jeux de dupes car je ne passerai sans doute pas à l'acte, mais je transgresse en prenant une position "masculine" puisque je menace de passer au conflit physique. Ils ne peuvent pas répliquer, coincés qu'ils sont dans leur rôle masculin "un homme ne frappe pas une femme".
Ainsi, moi je transgresse mon statut féminin (le non recours à la violence physique) mais eux restent coincés dans leur rôle masculin.
Alors, je sais ce que vous allez me rétorquer (et vous avez raison c'est une limite à laquelle je n'ai pas trouvée de solution) cela ne peut fonctionner que dans les lieux publiques. Ben oui, si ils sont coincés par les conventions sociales qui veulent qu'un homme ne doit pas frapper une femme, dès lors qu'il n'y a plus de "public" pour faire peser le poids du contrôle social, je ne suis plus à l'abri d'une réplique violente.
C'est vrai. D'ailleurs c'est pour ça qu'il y a une semaine, dans le dernier train, lorsque j'étais seule dans le wagon avec un type éméché qui s'était assis de son propre chef en face de moi pour me "draguer" et qui m'expliquait que j'étais une femme bien parce que "ça se voit que tu sais rester à ta place de femme" je n'ai rien dit du tout et souhaitée que la situation reste "sous contrôle".
Mais de temps en temps les envoyer chier lorsque c'est possible ça défoule tellement que ça rattrape des fois où il faut s'écraser et attendre en silence en priant pour que ça ne finisse pas mal.
PS : Et voir la tête qu'ils font quand ça leur arrive, c'est juste jouissif.